On se croirait voguer entre ciel et mer au large de quelques îles grecques tant le bleu intense du plafond submerge la salle des Bronzes du Musée du Louvre.
Un azur qui se déploie sur près de 400 mètres carrés, dans une monumentalité sans pompe. C’est à Cy Twombly que l’on doit ce morceau de bravoure, rythmé par des formes rondes qui évoquent tour à tour des boucliers, des étoiles ou des soleils au firmament. Certes, l’artiste nous emmène là où l’on ne l’attend pas, loin de ses œuvres à la graphie si rapide et désordonnée, loin de cet univers si particulier qui emplit la Cy Twombly Gallery à Houston (Texas) commandée par Dominique de Menil à l’architecte Renzo Piano.
Au Louvre, point d’art gestuel et aléatoire mais une rigueur classique qui renvoie à la sculpture antique, celle des maîtres évoqués dans des cartouches : Céphisodote, Lysippe, Myron, Phidias, Polyclète, Praxitèle et Scopas. Dans ce profond plafond, Twombly se fait coloriste, décorateur, et ouvre sur son talent de nouvelles fenêtres. Le grand musée semble en effet susciter des réponses décalées, comme en témoignent ces ferrures du XIXe siècle basculées par François Morellet dans l’escalier Lefuel. Décriée à Versailles, l’intervention d’artistes contemporains semble en revanche plébiscitée au Louvre. Cette relance d’un programme de commandes pour l’ancien palais royal s’inscrit dans une tradition trop longtemps interrompue au XXe siècle, où se côtoient Le Brun, Delacroix, Ingres ou encore Georges Braque.
Cy Twombly signe ici, avec The Ceiling, sa seconde commande en France. Déjà, en 1989, il réalisait le rideau de scène de l’Opéra Bastille, une salle qui accueille jusqu’au 11 avril le ballet Siddharta, chorégraphié par Angelin Preljocaj. L’artiste Claude Lévêque en a conçu une scénographie tout en décalage encore, avec maison volante et châssis de poids lourd, pour ce spectacle qui explore le mythe fondateur de celui qui deviendra Bouddha.
En ce printemps, du Louvre à Bastille, les anciens et les modernes ont oublié leurs querelles.
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Les anciens et les modernes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : Les anciens et les modernes