Réchauffement climatique. L’année artistique qui se termine a encore une fois été riche en événements heureux ou malheureux, comme en témoigne notre sélection de temps forts.
Il manque cependant dans notre liste le phénomène le plus important, qui n’est pas propre à l’art mais qui va le toucher dans des proportions inouïes : la brusque accélération de la prise de conscience du péril écologique qui menace l’humanité.
Cette prise de conscience va très certainement affecter plus rapidement qu’on le croit les deux piliers du marché de l’art que sont les grandes ventes aux enchères et les foires ; elle va les contraindre à réduire les déplacements d’œuvres ou de collectionneurs en raison de leur empreinte carbone, mais surtout elle va remettre en cause leur univers symbolique.
Car à côté des effets dramatiques du réchauffement climatique, les frivolités qui animent ces manifestations marchandes risquent d’apparaître futiles et superficielles et pourraient ainsi les démoder, ce qui est la pire des menaces pour la jet-set arty. Au demeurant, elles le sont déjà ; les excentricités d’un Maurizio Cattelan qui expose une banane scotchée sur le stand de Perrotin à la foire Art Basel Miami, et plus encore l’insanité des deux collectionneurs qui ont acheté pour 120 000 dollars une des « éditions », font de moins en moins rire. En tout cas elles ne font pas rire du tout les paysans d’Afrique subsaharienne où l’élévation de la température va pénaliser la culture des bananes, du manioc et de diverses arachides.
Le système s’est emballé depuis quelques années avec la multiplication des milliardaires, car acheter de l’art quand on est riche, c’est pour nombre d’entre eux montrer qu’on est riche, qu’on a du goût, c’est se fréquenter entre gens de bonne compagnie, et faire un bon placement. Le tout soigneusement mis en scène sur les réseaux sociaux ou sur « Say Who » (les initiés connaissent).
Le rapprochement entre la Floride et le Cameroun paraît un argument facile. C’est pourtant ce télescopage qui va choquer de plus en plus de gens et ainsi pousser les happy few soit à se cacher pour acheter de l’art contemporain comme ils le font pour vivre dans des résidences de luxe avec gardiens, soit à s’en détourner. Se détourner vers quoi ? vers quelle nouvelle pratique valorisante ? Difficile à pronostiquer. Ce peut être le transhumanisme pour les plus « utopiques », le survivalisme pour les plus inquiets, l’engagement social pour les plus vertueux…
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Le vingt et unième temps fort 2019
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°535 du 13 décembre 2019, avec le titre suivant : Le vingt et unième temps fort 2019