PARIS
François Mathey (1917-1993) a été le conservateur en chef du Musée des Arts décoratifs de Paris, de 1967 à 1985, mais il a débuté son activité au sein de ce musée dès 1953.
Son action, aujourd’hui relativement méconnue, a été particulièrement marquante et singulière, des années 1950 jusqu’aux années 1980. F. Mathey a en effet réalisé plus de 350 expositions essentiellement tournées vers l’art contemporain, l’art vivant, alors que cela ne semblait pas être la vocation première de son musée.
Une approche biographique de cet acteur du monde culturel français de l’après-guerre a permis de balayer tous les champs de la création (peinture, sculpture) mais aussi les nouveaux modes d’expression qui ont conquis leur légitimité comme le cinéma, la photographie, la BD ou le design. Car au sein de son musée, F. Mathey expose avant tout le monde (à une époque où les centres pluridisciplinaires comme le Centre Pompidou n’existent pas encore), les modes d’expression les plus marginaux comme l’art populaire, l’art brut, la création franche. C’est ce rôle particulièrement inattendu qu’il fait jouer à son musée qui est au cœur de cette recherche.
À l’avant-garde institutionnelle
Quels établissements et quelles politiques culturelles ont-ils effectivement précédé le Centre Pompidou ? Quels blocages, quels décalages le monde de l’art contemporain vit-il en France dans les années 1950-1960 face à la volonté de primauté des États-Unis dans le champ culturel ? Les difficultés auxquelles se confrontent le jeune ministère des Affaires culturelles, son ministre André Malraux et ses directeurs généraux des Arts et lettres (Gaëtan Picon et Pierre Moinot) vont-elles effectivement permettre l’émergence et l’épanouissement, sur la scène d’exposition de l’art contemporain parisienne, d’une expérience privée originale ?
De qui, de quoi, le Centre Pompidou était-il finalement l’héritier ? Le Musée des arts décoratifs, sous l’impulsion de François Mathey, fait partie de la protohistoire du Centre. Les pouvoirs publics se sont en effet largement inspirés de son action et de la situation institutionnelle de l’Ucad, l’Union centrale des Arts décoratifs.
Le lieu d’accueil et d’exercice des activités de F. Mathey est en soi un personnage, mieux, un « acteur principal » qui épaule son action. Cette institution privée s’inscrit dans le paysage muséal, et plus particulièrement au Palais du Louvre, au pavillon de Marsan, depuis 1905. En outre, l’Ucad englobe à la fois le Musée des arts décoratifs, une bibliothèque et des écoles d’enseignement artistique. Si l’histoire de l’Ucad a été longuement étudiée s’agissant de ses origines et de son champ de compétence avéré (les arts décoratifs), la période considérée est moins bien connue. Elle correspond pourtant (du moins entre 1965 et 1975) à des relations conflictuelles avec l’État, particulièrement complexes et paradoxales, qui méritent d’être étudiées. Plus qu’une toile de fond, ces relations influencent directement les activités de F. Mathey. Elles jouent en effet un rôle capital dans le développement de son action.
François Mathey, conservateur atypique, va incarner pendant trente-cinq ans la politique de son musée et participer de façon décisive à l’évolution institutionnelle de l’Ucad, ainsi, aux côtés de Gaëtan Picon, qu’aux réflexions menées dès 1964 sur un projet de musée du XXe siècle.
L’étude des rapports entre les institutions est essentielle et la part de l’action individuelle restait à définir. Si l’appréciation de l’action de F. Mathey par ses pairs, par les historiens de l’art, a évolué au fil du temps, comme évoluent la fortune critique d’un artiste ou la réception critique d’une exposition, il s’avère que François Mathey et l’Ucad ont répondu ensemble aux besoins de transformation d’une époque, à un moment muséal particulièrement riche, qui préfigure et annonce l’émergence d’un musée du XXe siècle matérialisé à partir de 1977 par le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou.
Pour rendre compte de l’actualité de la recherche universitaire, le Journal des Arts ouvre ses colonnes aux jeunes chercheurs en publiant régulièrement des résumés de thèse de doctorat ou de mémoire de mastère (spécialité histoire de l’art et archéologie, arts plastiques, photographie, esthétique…).
Les étudiants intéressés feront parvenir au journal leur texte d’une longueur maximale de 4 500 caractères (à adresser à Jean-Christophe Castelain, directeur de la rédaction : jchrisc@artclair.com, et au secrétariat de rédaction : srjda@artclair.com). Nous publions cette quinzaine le texte de Brigitte Gilardet, qui a soutenu sa thèse (mention très honorable, félicitations du jury à l’unanimité) sous la direction de Laurence Bertrand Dorléac à l’université Picardie-Jules-Verne, à Amiens (école doctorale EA4291, Sciences humaines et Humanités et Centre de recherche en arts).
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L’action de François Mathey en faveur de l’art vivant (1953-1985)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : L’action de François Mathey en faveur de l’art vivant (1953-1985)