JERSEY CITY / ÉTATS-UNIS
On attendait Séoul et ce sera Jersey City, dans le New Jersey.
À quelques semaines de son départ de la présidence du Centre Pompidou, Serge Lasvignes vient de signer une nouvelle implantation internationale, cette fois dans la banlieue de New York. Le réseau compte déjà deux antennes, l’une à Malaga (Espagne) ouverte en 2015, l’autre à Shanghaï (Chine) inaugurée en 2019, tandis que Kanal-Centre Pompidou (Bruxelles) et le Centre Pompidou x Jersey City devraient ouvrir tous deux en 2024, en attendant Séoul. À chaque fois, ce sont des partenariats reconductibles, dans lequel le Centre loue son nom, ses œuvres et ses expositions en contrepartie d’une rétribution. Bien peu de musées se sont lancés dans de ce type d’opérations, le plus entreprenant en la matière étant l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ; encore moins de musées gèrent l’exploitation de ces antennes (à l’instar du Guggenheim à Bilbao).
Voilà pour les faits. Maintenant, quel est l’intérêt de cette politique d’essaimage ? Il permet de faire rayonner la marque et les œuvres à l’étranger et de valoriser le savoir-faire des conservateurs du Musée national d’art moderne, argue le Centre. Ce n’est pas faux, sauf à prendre en compte les coûts apparents et cachés. Les recettes, on a une petite idée de leur montant, car elles ont été de 4,2 millions d’euros en 2019 sur un total de 36 millions d’euros de recettes propres. Par une grossière règle de trois, on imagine qu’elles devraient doubler en 2024. Mais côté dépenses, le Centre est plus discret sur le coût des équipes mobilisées sur ces projets, et encore moins disert sur la « sursollicitation » des collections. En 2024, cela tombe à pic, le Centre Pompidou fermera pour travaux pour quatre ans, mais après ? Si les collections dénombrent 120 000 numéros, ceux-ci ne sont pas tous des chefs-d’œuvre. Il faut en outre tenir compte du Centre Pompidou-Metz et du futur Centre Pompidou à Massy (Essonne) qui, à côté des réserves du musée, exposera des œuvres au public.
Mais alors qu’il s’étend à l’étranger, le Centre n’a toujours pas trouvé de solution au manque de surface de son vaisseau amiral à Paris. Plusieurs voix s’élèvent pour réactiver le projet d’annexion du Palais de Tokyo, qui aurait le mérite d’offrir un lieu parisien pendant la fermeture du Centre et des surfaces supplémentaires à sa réouverture en 2027. Les onze musées et institutions culturelles de la colline de Chaillot viennent justement de relancer la marque « colline des arts » afin de braquer les projecteurs sur eux.
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Jersey : OK, mais quid de Paris ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°569 du 11 juin 2021, avec le titre suivant : Jersey : OK, mais quid de Paris ?