Les rapports entre le surréalisme et les théories freudiennes ne sont pas aussi simples que la doxa le pose. D’ailleurs, rien n’est jamais simple avec André Breton.
Il est entendu que l’auteur du Manifeste du surréalisme s’est très tôt intéressé à l’inconscient et à la psychanalyse. Il y a trouvé un moyen de s’affranchir du contrôle de la raison et, au-delà, de l’institution, en produisant des textes, sons et images directement reliés à l’inconscient. Ce faisant, le surréalisme n’aspirait, ni plus ni moins, qu’à « changer la vie », selon la célèbre formule de Baudelaire.
C’est en 1916 que Breton découvre la pensée de Freud, alors qu’il est jeune étudiant en médecine, affecté dans un centre psychiatrique soignant les soldats traumatisés. En 1921, il demande à le rencontrer, mais il est déçu du rapide entretien que celui-ci lui accorde dans son cabinet viennois. Cela ne l’empêche pas d’entamer une correspondance avec le maître et de lui adresser Le Manifeste, puis Nadja.
En 1932, il demande à Freud de lui envoyer quelques-uns de ses rêves, pour un recueil qu’il entend publier (Les Vases communicants). Les rêves sont, pour les surréalistes, une transcription directe de l’inconscient, un matériau brut créateur. C’est ici que le divorce est consommé. Freud lui répond : « Un recueil de rêves sans associations jointes, sans connaissance des circonstances dans lesquelles on a rêvé ne me dit rien, et je peux à peine me représenter ce qu’il peut dire à d’autres ». Pour la psychanalyse en effet, ce n’est pas le rêve qui importe, mais la façon dont l’analysant le rapporte et les associations d’idées qu’il génère. Plus loin, Freud écrira : « Je ne suis pas en état de me rendre compte de ce qu’est et de ce que veut le surréalisme ».
Reste que le surréalisme n’est pas une thérapie et que, sur le plan des arts visuels, il a produit un ensemble d’œuvres originales, très connues du public et que l’on pourra apprécier d’abord en Belgique, l’autre terre d’élection du surréalisme, et plus tard, en France, au Centre Pompidou.
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Freud et le surréalisme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Freud et le surréalisme