FRANCE
EMPLOI. Notre enquête inédite sur la mobilité des directeurs de Frac et de centres d’art met en lumière indirectement l’étroitesse de l’emploi dans le secteur des arts visuels.
Entre les musées d’art contemporain, les Frac, les centres d’art, les écoles et les galeries, le nombre d’emplois permanents spécialisés ne dépasse sans doute pas 2 000 postes de salariés.
Les organisations professionnelles militent depuis des années pour la création d’une branche avec une convention collective spécifique pour les arts plastiques. C’est peine perdue depuis la loi de 2016 qui a fixé un objectif de deux cents branches à atteindre pour tous les secteurs en France (il y en avait sept cents en 2015). Trop peu nombreux, les professionnels des arts visuels sont aussi à la fois trop divers dans leur métier et trop dispersés. Régisseurs, critiques, commissaires d’exposition, scénographes, médiateurs, enseignants opèrent souvent seuls ou dans de très petites structures. D’ailleurs, comme beaucoup d’artistes – mettons-les à part –, ils sont souvent un peu tout cela à la fois.
Il n’est pas étonnant dans ces conditions que l’âge moyen et l’ancienneté des directeurs de Frac et de centre d’art aient pris un coup de vieux, se traduisant par une forme d’embouteillage en haut de la pyramide, embouteillage qui se répercute à l’entrée, freinant l’embauche de jeunes diplômés.
Dans le même temps, l’enseignement supérieur ne cesse de former toujours plus d’étudiants qui aspirent à entrer dans ce secteur. Chaque année, les universités d’histoire de l’art et les écoles d’art délivrent au moins 6 000 diplômes. Il y a dix-sept masters spécialisés dont sont issus au moins cinq cents jeunes adultes chaque année. Combien de jeunes Bac + 5 sont attirés par l’image flatteuse du commissaire d’exposition-critique d’art, qui par son « œil » affûté, identifie et promeut une nouvelle génération d’artistes ? Et combien parmi eux vont de masters en stages et de stages en petits boulots avant de se rendre compte que le nombre de postes est très limité et que le statut d’indépendant est invivable… pas seulement en cette période de crise ? Les enseignants, qui non sans une certaine naïveté, refusent que l’université et les écoles d’art forment les étudiants à un « métier » devraient au moins avoir la franchise d’informer précisément sur les débouchés professionnels.
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Embouteillage dans les arts visuels
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°562 du 5 mars 2021, avec le titre suivant : Embouteillage dans les arts visuels