Grâce au streaming légal, le marché de la musique enregistrée redresse un peu la tête après avoir divisé par trois ses revenus.
PARIS - La Hadopi était au cœur des discussions culturelles lors de la campagne présidentielle de 2012. François Hollande évoquait sa suppression, puis son remplacement. Plus de sept ans après sa création, en 2009, son bilan de lutte contre le téléchargement illégal de contenus protégés par le droit d’auteur continue à faire débat : 122 millions de saisines entraînant 7,58 millions de courriels de « première recommandation », puis 1 308 dossiers relatifs à des pirates suspectés transmis au parquet pour aboutir à… 72 condamnations !
Pourtant, après quinze années de déclin, l’industrie musicale, l’un des premiers secteurs frappés par la révolution numérique et le piratage, reprend des couleurs grâce au streaming payant (diffusion en continu sur Internet). Un mode de consommation en mutation qui séduit plus d’un tiers des Français, lesquels délaissent l’achat physique ou le piratage pour une offre bon marché. Et la Hadopi n’y est pour rien car les textes ne lui permettent pas d’agir sur le streaming illégal, contrairement au téléchargement. Le SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique) a annoncé une hausse « significative » du chiffre d’affaires de la musique de 5,4 % en 2016, lequel atteint en France 449,6 millions d’euros contre 1,3 milliard en 2002 ! 28 milliards de titres ont été « streamés », générant plus de 143 millions d’euros de revenus, soit un quart du marché. Dans le même temps, l’érosion continue de la vente des CD se poursuit tandis que la tendance vintage du vinyle connaît un essor spectaculaire de 72 % !
Près de 4 millions d’utilisateurs
La diversité des catalogues mis à disposition sur des plateformes comme Spotify, Apple Music, le français Deezer – qui vient de s’allier avec la FNAC – et le prix modique des offres (autour de 10 euros ou gratuites si l’on accepte la publicité entre chaque morceau) ont convaincu 3,9 millions de consommateurs, alors qu’ils n’étaient que 1,4 en 2013, toutes générations confondues (un quart d’entre eux sont âgés de plus de 50 ans). Les abonnés payants, minoritaires (26 %), génèrent un revenu bien plus élevé (82 %) que la version gratuite, financée par la publicité.
Mais tout le monde n’y trouve pas son compte. Artistes et producteurs se plaignent du déséquilibre entre les revenus que les plateformes tirent de la musique et la somme que celles-ci reversent à la filière. L’Adami, qui gère les droits des artistes et interprètes, a calculé que, pour toucher 100 euros, 250 000 « streams » payants ou un million de gratuits sont nécessaires, soit l’équivalent de seulement 100 albums vendus.
YouTube, le site le plus populaire de vidéos musicales gratuites, fréquenté par 25 millions de visiteurs mensuels en France, concentre les critiques ; on lui reproche de reverser moins de 10 % de ses recettes grâce au statut d’hébergeur, et non pas d’éditeur de musique, dont il bénéficie. Malgré cela, les artistes s’éloignent de plus en plus des maisons de disques et s’autoproduisent, sur YouTube le plus souvent.
Encore loin d’avoir touché l’ensemble des foyers, comme c’est le cas en Europe du Nord (90 %), le streaming a un bel avenir.
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Quand le streaming sauve l’industrie musicale
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : Quand le streaming sauve l’industrie musicale