Le galeriste relate sa vie et ses relations avec les artistes du pop art, alors inconnus. D’autres acteurs du monde de l’art témoignent. Une passionnante rediffusion d’un document datant de 1985.
France Culture a mis en ligne récemment trois émissions diffusées en 1985 sur Leo Castelli (1907-1999), un petit bijou pour ceux qui veulent mieux connaître l’un des plus importants galeristes du siècle, en tout cas le pionnier des galeristes entrepreneurs. Jean Daive, le producteur et animateur de ces émissions, l’avait longuement interrogé alors qu’il séjournait dans sa villa près de Mougins dans les Alpes-Maritimes. À 78 ans, Leo Castelli se montre simple, direct et volubile. Il parle un français parfait avec un accent imprégné d’allemand (il a grandi à Trieste, qui appartenait alors à l’Empire austro-hongrois), d’italien (Trieste devient italienne en 1915) et d’anglais (de confession juive, il part à New York en 1939 pour s’y établir définitivement).
Il est fascinant d’écouter Castelli parler des jeunes artistes du pop art (Robert Rauschenberg, Jasper Johns, Andy Warhol) qu’il a rencontrés après la guerre et qu’il a promus en ouvrant sa galerie en 1957. L’avènement du pop art a aujourd’hui plus de 60 ans et le mouvement est largement entré dans les livres d’histoire, lui conférant une forme de sacralisation. Cette triple temporalité (Castelli raconte cette histoire en 1985 que l’on écoute trente ans plus tard) donne la curieuse sensation que cela s’est passé hier. Castelli parle sans fard, n’hésitant pas à évoquer l’argent, les taux de commission et – déjà – la rude concurrence avec les autres galeristes new-yorkais qui s’est installée dans les années 1980. Jean Daive évite cependant de lui demander quel fut son rôle dans l’attribution à son poulain Rauschenberg du Grand Prix de peinture lors de la 32e Biennale de Venise en 1964, marquant la victoire de l’Amérique sur l’école de Paris.
Mais Daive a aussi longuement interrogé de nombreux galeristes (Daniel Templon), directeurs de musée (Jean-Louis Froment) et artistes (Robert Combas, Christian Boltanski, Gérard Garouste). Le portrait qu’ils dressent est dans l’ensemble élogieux bien que mâtiné de prudence : « redoutable marchand », « flambeur », « séducteur », « un œil ». On retiendra plus particulièrement les propos de Boltanski au sujet de Castelli et de son ancienne femme Ileana Sonnabend : « Elle avait avec Leo un rapport de mère à enfant désordonné. » Le tout est accompagné d’une bande-son américaine de l’époque avec un tropisme particulier pour Les Platters.
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Le bon plaisir de Leo Castelli sur France Culture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Le bon plaisir de Leo Castelli sur France Culture