GAND / BELGIQUE
Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 30 janvier 2020, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur l’histoire du retable de L’Agneau mystique des frères Van Eyck.
Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :
Si je vous dis : menacé de destruction, volé, pillé… à quelle œuvre pensez-vous ?
Au retable de L’Agneau mystique de Van Eyck ?
L’une des œuvres les plus célèbres au monde : le retable de L’Adoration de l’Agneau mystique peint par Hubert et Jan Van Eyck au XVe siècle. Pour vous donner une idée, les frères Van Eyck sont à la peinture flamande ce que Léonard de Vinci est à la peinture italienne : les inventeurs du réalisme. Et leur Agneau Mystique ce que La Joconde est à l’histoire de l’art : un chef-d’œuvre absolu ! Ce retable représente le cycle de la Rédemption chrétienne, rien que ça. Il figure, entre autres, Adam et Eve, le Christ entouré de la Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste, l’Annonciation ou encore l’adoration de l’agneau de dieu. Mais quand La Joconde mesure à peine 80 sur 60 cm, L’Agneau mystique compte, lui, 24 panneaux ; il mesure plus de 3 mètres sur 5 et pèse près de deux tonnes !
Ce qui rend le retable difficilement déplaçable et explique qu’il soit toujours conservé dans la cathédrale Saint-Bavon à Gand, en Belgique…
Mais ce qui ne l’a pas protégé d’une histoire rocambolesque digne d’un film hollywodien. Car l’œuvre, très convoitée, a été menacée dès son achèvement en 1432. Au XVIe, il a fallu la protéger de la furie iconoclaste, puis, au XVIIIe siècle, des pillages commis par la France à la suite de l’annexion des Pays-Bas. Au XIXe siècle, le retable a été vendu par le diocèse de Gand avant d’échapper à un incendie en 1822. Dans le même temps, des panneaux ont été sciés en deux dans leur épaisseur pour pouvoir les exposer séparément. En 1934, deux des 24 panneaux ont été volés – ils n’ont jamais été retrouvés depuis. Et ce n’est pas fini puisqu’en 1940, l’envahisseur nazi a expédié le retable en Allemagne avant de l’entreposer dans une mine de sel où il sera sauvé in extremis par les alliés. C’est un miracle, donc, que le retable n’ait pas disparu.
Mais outragée, brisée, martyrisée même, l’œuvre se trouve aujourd’hui libérée grâce à une campagne de restauration entreprise en 2012. Celle-ci, qui se termine actuellement, a permis de rendre au tableau ses couleurs et de le nettoyer de ses repeints qui avaient fini par recouvrir 50 % de la surface ! C’est ainsi que l’on a découvert que l’agneau de Dieu ne possédait pas quatre oreilles mais deux, et que l’œuvre n’avait pas seulement été peinte par Jan Van Eyck, mais commencé par son frère Hubert, artiste génial dont on ne sait aujourd’hui pas grand-chose, sauf qu’il a peint l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire…
A écouter aussi la chronique sur le cerveau vitrifié :
Les archéologues pensaient être en présence d’une banale pierre noire, mais les scientifiques ont découvert qu’il s’agissait en réalité d’un morceau de cerveau vitrifié appartenant à l’une des victimes de l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère. Ce morceau de cerveau pourrait appartenir au gardien d’un lieu de culte dédié à l’empereur Auguste, dont le corps calciné avait été retrouvé sur un lit en bois dans les années 1960. Si cette découverte peut sembler anecdotique, elle pourrait permettre d’extraire de l’ADN et de mieux comprendre la société de l’époque. Il faut savoir par exemple que l’on est déjà parvenu à trouver, grâce à de l’ADN, des liens de parenté entre sept femmes découvertes dans les fouilles d’Herculanum, près de Naples, ainsi que l’origine proche-orientale de trois hommes qui étaient probablement des esclaves.
Trois nouveaux territoires labellisés en France.
Auditeurs du Pays des Rohan dans le Morbihan, des villes de Saint-Nazaire en Pays de la Loire et de Bézier dans l’Hérault, sachez que ces trois territoires viennent d’obtenir le label « Villes et pays d’art et d’histoire ». Créé en 1985, ce label décerné par le ministère de la Culture vise à encourager la promotion culturelle des territoires ainsi que leur développement durable. Véritable argument touristique pour les villes qui l’obtiennent, ce label regroupe aujourd’hui 202 territoires labellisés en France.
Quelle exposition nous conseillez-vous pour ce week-end ?
L’exposition Van Eyck à Gand, en Belgique, bien sûr !