Conseillère scientifique à l’Institut national d’histoire de l’art, après avoir été conservatrice au Musée d’Orsay, Marine Kisiel est autrice de « La Peinture impressionniste et la décoration ».
Ce livre est le résultat d’un exercice universitaire et d’une rencontre avec l’éditrice Marike Gauthier, qui dirige les éditions Le Passage. Elle m’a permis d’éditer une thèse, ce qui n’est pas toujours facile vu le volume de textes, tout en l’accompagnant d’un riche appareil iconographique, puisque l’ouvrage compte 280 illustrations couleur. Des illustrations de grande qualité, car nous avons fait rephotographier des œuvres de manière à avoir de forts détails, afin que l’on puisse entrer dans la matière. Cela a été une joie, parce que c’est un travail d’érudition que je voulais partager avec mes pairs, mais j’avais aussi envie que cela séduise bien au-delà du cercle universitaire et muséal. Je pense que, quand on s’abîme dans ces nombreuses pages de détails, on peut très bien ne pas lire, et d’image en image suivre le propos par les œuvres ; à la manière d’un accrochage. Je suis d’autant plus contente que, grâce à l’engagement de mon éditrice et du Centre national du livre, cet ouvrage est vendu à un prix très abordable.
C’est l’histoire de l’art que j’espère participer à faire, celle qui va chercher la diversité des sources, qui se rend à l’Institut national de la propriété intellectuelle comme au musée. Celle qui ne néglige pas le carreau de céramique et qui juge intéressant, quand c’est éloquent, de reproduire une publicité pour des peintures vitrifiables. C’est une histoire sociale et culturelle de l’art. Ainsi, l’archive qui m’a le plus fascinée, c’est le brevet signé de la main de Renoir pour l’exploitation d’un ciment pour peindre des portes, des chambranles ou encore des plafonds que j’ai découvert à l’INPI. Je suis heureuse également de publier les toutes premières photographies en couleurs de deux chutes de trophée peintes par Renoir pour le château de Wargemont. Elles faisaient partie d’un ensemble plus grand qui a été découpé et vendu. Jusqu’à présent, les historiens de l’art ne s’étaient pas intéressés à ces œuvres, ce qui est révélateur du regard sur cette production décorative longtemps dépréciée.
J’ai identifié une vingtaine de projets de décor aboutis, mais aussi des dizaines de carreaux de céramique, d’assiettes, de projets d’encadrement et des pages de théorie. Je pense qu’il y a eu des pertes, mais aussi des œuvres que je n’ai pas réussi à localiser. Mais il me semble que c’est tout l’intérêt de ce sujet : faire réémerger parfois par l’archive et par les mots, parfois par la photographie, mais pas toujours par l’objet lui-même, un pan inconnu, inaperçu, des productions impressionnistes. Un pan qui au demeurant est peut-être passé à la poubelle parce que cela ne ressemblait pas à des œuvres impressionnistes ou que ce n’était pas signé.
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Faire réémerger un pan inconnu, inaperçu, des productions impressionnistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant :  Faire réémerger un pan inconnu, inaperçu, des productions impressionnistes