Après avoir investi un théâtre avec Yannick, Quentin Dupieux rend hommage à une icône des arts plastiques, Salvador Dalí, en évoquant les rapports complexes du peintre « mégalo » et de la caméra.
Daaaaaalí ! s’ouvre dans une chambre d’hôtel. Une journaliste attend Salvador Dalí et ce qu’elle pense être l’interview de sa vie. L’artiste s’installe, impérial, et demande où se trouve la caméra. Il n’y en a pas. La jeune femme travaille pour la presse écrite. Dalí s’en va. Le nouveau film de Quentin Dupieux commence. La journaliste (Anaïs Demoustier) va s’entêter et mobiliser une équipe pour filmer un peintre dont les exigences sont de plus en plus extravagantes. Pendant ce temps, il pleut des chiens, un prêtre raconte un rêve qui met en scène un cow-boy, entre autres situations étranges. Daaaaaalí ! n’est pas un biopic mais une fantaisie autour d’un mythe, alternativement interprété par Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche et Pio Marmaï.
Une bonne part des gags tourne autour de l’équipe de cinéma qui devient de plus en plus importante, pour impressionner l’artiste. Cependant, à chaque fois que le tournage s’apprête à commencer, Dalí provoque une catastrophe. On peut voir Daaaaaalí ! comme une évocation des rapports du peintre avec le cinéma. Dupieux décrit un artiste fasciné par les objectifs, les projecteurs, la fourmilière des techniciens… et une série de rendez-vous manqués. Spectateur passionné, le jeune Dalí a conçu Un Chien andalou et L’Âge d’or avec Buñuel à la fin des années 20. Néanmoins ses rapports avec le grand écran se raréfient tandis que son œuvre se construit.
S’il visite Hollywood dès les années 1940, son projet avec Walt Disney, le court-métrage Destino, ne prendra forme qu’en 2003. Pour la Fox, il conçoit les décors de La Péniche de l’amour, production américaine avec Jean Gabin. Ses idées seront débarquées avec le réalisateur Fritz Lang. Restent des décors pour La Maison du docteur Edwardes, nés de sa rencontre avec Hitchcock. Plus tard, dans ses archives, on retrouvera des échanges avec Jack Warner à qui il demandait de produire un film dont il serait le héros, une adaptation du Cid qu’il a fait parvenir à Errol Flynn, les esquisses d’un jeu de tarot pour le James Bond Vivre et laisser mourir rejetés par la production… Toute la relation de Dalí au monde du cinéma tient dans la remarque de Walt Disney : « Un seul homme pourrait me faire de l’ombre. Heureusement, il est fou, c’est Salvador Dalí ». Dans ce contexte, Daaaaaalí ! n’est pas un film sur Dalí. Il est ce que le cinéma aurait peut-être pu faire de Dalí si, en son temps, il avait été aussi fou que Dalí.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Daaaaaalí ! Brin de folie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Le 7 février 2024 dans les salles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Brin de folie