Depuis trois ans à la tête d’une maison d’édition qu’elle a fondée, la nouvelle directrice artistique de Paris Photo nous raconte son parcours et nous donne ses coups de cœur pour cette 26e édition. Rencontre.
Je travaille dans la photo depuis près de 20 ans. Une de mes premières incursions sur le marché de l’art a été quand, en 2007, j’ai monté la Galerie Magnum. Mes différentes activités m’ont ensuite amenée à être toujours en lien avec les artistes, les galeries, les institutions et les éditeurs. Pour cet écosystème, Paris Photo est le moment le plus important de l’année, car la foire nous réunit tous et offre, par son caractère international, l’opportunité d’avoir un panorama sur la création photographique contemporaine, d’avoir accès à des pièces rares, mais aussi d’échanger.
Ma première rencontre a été marquée par mon arrivée à l’agence Magnum. Ce fut ma première expérience professionnelle à Paris. J’ai eu la chance de travailler en direct avec les photographes et d’avoir accès à leurs archives. J’ai aussi participé à la création du Bal et à la création de la Galerie Magnum. L’expérience fut très formatrice. Elle m’a introduite dans le milieu de Paris Photo et dans le marché de l’art.
J’ai toujours travaillé avec des artistes et leurs galeries pour concevoir des expositions, ou monter des projets en collaboration. Maintenant, mes interlocuteurs sont essentiellement les galeristes, mais je peux toujours me servir du lien que j’ai avec les artistes ou des institutions pour aller chercher telle ou telle galerie. Au fond, le travail de recherche que je mène en amont avec Florence [Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo depuis décembre 2014, NDLR] n’est pas très différent de celui que je faisais dans le cadre d’une exposition, mais il va plus loin. Notre rôle est de créer les bonnes conditions pour que les galeries qui représentent les artistes les plus pertinents viennent les présenter à Paris Photo.
Être encore plus dans le dialogue entre les œuvres historiques et les artistes contemporains, et ouvrir davantage encore la foire sur le contemporain et sur des œuvres expérimentales. Cette année, le programme propose davantage de diversité dans les pratiques de la photo et se dote d’un secteur digital.
En France, la scène est hétéroclite et intéressante. Il est important qu’on la voie. Cette année, dans le secteur Curiosa, la moitié des artistes sont basés en France, comme Constance Nouvel (Galerie In Situ) que je suis allée chercher pour son travail plastique, ou Rebekka Deubner (Espace Jörg Brockmann). Dans le secteur principal de la foire, on pourra voir également le travail de David De Beyter (Galerie Bacqueville) qui n’avait jamais été présenté à Paris Photo et qui bénéficie d’une exposition à l’Institut pour la photographie à Lille. Il est essentiel que des artistes qui ont une actualité soient présents à Paris Photo. Je n’ai pas un goût figé sur l’un ou l’autre type de photo ou de genre. Je suis particulièrement curieuse de la photographie contemporaine, car il y a une nouvelle génération d’artistes très créatifs.
Cette année, l’espace reste inchangé, car nous n’avons pas pu l’agrandir. Le retour au Grand Palais en 2024 offrira de nouvelles possibilités. L’édition est un secteur très important à Paris Photo pour sa créativité et son dynamisme. Il y a toute une génération d’artistes qui y est présente et que l’on ne retrouve pas encore dans les galeries. La relève est dans les livres, une mine immense de découvertes. Le livre permet aux travaux de circuler.
Il y a beaucoup de travaux à découvrir. Si je dois n’en citer que trois, Melissa Shook (galeries La patinoire royale et Miyako Yoshinaga), dans le secteur principal, est une vraie découverte. Dans sa série Daily Self-Portraits, l’artiste documente son quotidien dans son appartement new-yorkais. Dans le secteur Curiosa, je dirais Hoda Afshar (Milani Gallery), dont le travail fait écho aux mouvements Femme, Vie, Liberté qui ont lieu en Iran. Et, dans le secteur digital, David Horvitz, présenté par la Galerie Jean-Kenta Gauthier, questionne notre lien à la mémoire et à l’oubli.
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Anna Planas : « Les livres sont une mine pour découvrir de nouveaux artistes »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Anna Planas : « Les livres sont une mine pour découvrir de nouveaux artistes »