MARSEILLE
Avec une vingtaine d’exposants, Art-O-Rama explore un format de salon intime qui invite à la découverte de jeunes artistes.
MARSEILLE - C’est le petit salon qui monte, étrangement calé chaque année juste avant la rentrée de septembre, et qui donne comme en un arrière-goût de vacances. Lancé en 2007 avec tout juste la présence de cinq galeries, Art-O-Rama, pour sa sixième édition, en accueille désormais vingt dans les vastes locaux de la Friche de la Belle de Mai, à Marseille, parmi lesquelles les Parisiennes Anne Barrault, Torri et Crèvecœur, Maisterravalbuena (Madrid), Monitor (Rome) ou Super Window Project (Kyoto). Un format jugé critique par son directeur, Jérôme Pantalacci qui, inspiré par l’expérience passée du salon Art Dealers imaginé en son temps par feu Roger Pailhas, n’envisage pas une expansion trop au-delà de ce marqueur, tout en continuant à afficher une physionomie en tous points singulière. Cette intimité, fort inhabituelle pour une manifestation commerciale, relève d’un état d’esprit qui ne l’est pas moins ; où la qualité prime manifestement sur la quantité, avec surtout la volonté de penser un véritable projet artistique là où d’autres réfléchissent essentiellement en termes de « business ». Si cette volonté se traduit lors de chaque édition par l’invitation lancée à une institution laissée libre d’y imaginer un accrochage – cette année le Confort Moderne de Poitiers –, à un critique d’art – ici François Aubart – chargé de sélectionner quatre artistes exposés dans un espace baptisé le Showroom parmi lesquels les galeristes participants sont invités à en élire un sur le travail duquel sera fait un focus l’année suivante – Caroline Duchatelet sera exposée en 2012 –, il l’est également dans la conception des stands laissée entièrement libre aux exposants.
Car s’il est demandé à chaque enseigne de penser un projet curatorial, il ne leur est pas vendu une surface d’exposition mais des mètres linéaires de mur (entre 0 et 20 mètres pour un tarif forfaitaire de 1 000 euros) à arranger et aménager comme bon leur semble. Ainsi ACDC (Bordeaux) n’envisage qu’une longue paroi sur laquelle présenter dos à dos Bastien Cosson et Morgane Fourey, tandis que Sultana (Paris), prévoit un dispositif en triangle à l’extérieur duquel uniquement les Américains Gavin Perry et Beatriz Monteavaro déploieront leurs travaux.
Avec des galeries telles Kendall Koppe (Glasgow) annonçant un projet de Niall Macdonald, Club Midnight (Berlin) présentant le suédois Ilja Kalirampi ou Mor. Charpentier (Paris) avec le travail de la Colombienne Milena Bonilla, c’est un profil plutôt jeune et prospectif encourageant les découvertes qui se dessine à travers les choix d’un comité de sélection ouvert à différents types d’acteurs et composé tant de galeristes – Antoine Levi, T293 (Rome) et Alex Nogueras, Nogueras Blanchard (Barcelone) –, que d’artistes – Davide Bertocchi et Olivier Millagou – et d’acteurs du monde de l’art tels la collectionneuse marseillaise Josée Gensollen et le directeur du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur Pascal Neveu. Même si des prises plus importantes ne sont pas absentes des filets du salon, comme In Situ Fabienne Leclerc (Paris) prévoyant un accrochage de groupe avec notamment Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Renaud Auguste-Dormeuil et Meshhac Gaba, ou Eva Presenhuber (Zürich) avec un solo show de Valentin Carron.
L’expérience a déjà montré que le format intimiste de la manifestation qui, autre particularité, reste en place pour une durée de deux semaines après le week-end d’inauguration, génère une atmosphère différente, bien plus détendue que celle d’une foire traditionnelle, où les différents acteurs et visiteurs trouvent le temps d’échanger et de se connaître. Et ce sans que le commerce soit exclu, puisque le volume des transactions rapporté par les marchands affiche une hausse constante.
Dans une ville devenue un quasi désert culturel s’agissant des arts visuels, une telle initiative hautement créative ne peut qu’être saluée et encouragée, qui le temps d’un week-end prolongé dynamise Marseille en parvenant à y faire venir des artistes, galeristes, journalistes ou collectionneurs qui n’auraient nulle raison de s’y rendre autrement.
Du 31 août au 2 septembre (exposition jusqu’au 16 septembre), la Friche de la Belle de Mai, 41, rue Jobin, 13003 Marseille, tél. 04 95 04 95 36, www.art-o-rama.fr, tlj 15h-20h
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Un salon intime et prospectif
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : Un salon intime et prospectif