Le cortège foisonnant des foires « off » s’allonge encore. Près de 300 galeries, de plus en plus internationales, exposent en marge de la Fiac.
PARIS - La Fiac crée l’événement. C’est parce qu’elles veulent en tirer avantage qu’une série de foires se sont inscrites dans son sillage. « Le marché de l’art a un calendrier bien spécifique, et si vous ne faites pas partie de la peinture à ce moment-là, vous êtes mis à l’écart », indique Isabelle Keit-Parinaud, à l’initiative d’Art Élysées. La difficulté est de se forger une identité forte, avec une programmation de qualité, ce que peu parviennent à faire. Ces dernières années, les alliances se sont faites et défaites, les annulations ont été légion et plusieurs rescapés ont dû changer de lieu, de nom ou de concept en cours de route. En 2014, la Fiac a imprimé à ce paysage un nouveau soubresaut en lançant sa foire « (Off)icielle » sur le créneau de la découverte et de l’émergence. Avec cet événement surprise, le « off », notamment YIA Art Fair, Cutlog ou Slick, a été privé de nombreux participants et a ainsi été contraint à une nouvelle reconfiguration. « C’est bénéfique pour tout le monde, cela nous a donné un bon coup de pied », commente, beau joueur, Romain Tichit, l’organisateur du YIA. « Le lancement d’Officielle augmente la compétition », renchérit Bruno Hadjadj, organisateur de Cutlog.
« Paris Internationale », alliance de galeries
Cette année, point d’annonce choc pour les événements satellites, mais l’arrivée massive de nouveaux participants, et une internationalisation des acteurs. Prometteuse, la foire « Paris Internationale » a été montée, une fois n’est pas coutume, grâce à une alliance de galeries (Sultana, Gregor Staiger [Zurich], Crèvecœur…). « Le format est proche d’un group show, l’idée de départ était de mettre en commun des galeries qui se connaissent bien. Nous pensions être huit, nous sommes finalement quarante, dont des galeries étrangères jamais vues en France. Il y aura des surprises ! », prévient Guillaume Sultana.
Parmi les nouveaux entrants dans ce paysage, figure aussi « Asia Now », centrée sur l’art contemporain asiatique. Avec une petite vingtaine de galeries parisiennes ou de Chine et d’Asie du Sud-Est (Magda Danysz, Paris, ou 313 Art Project, Séoul), la foire organisée en début de semaine entend « donner la parole à une nouvelle génération d’artistes », selon sa fondatrice, Alexandra Fain. Cutlog, annulé l’an dernier, revient en faisant fi des galeries ! « Le modèle actuel est ringard. Cutlog abandonne les stands et les mètres carrés et propose un salon, en s’adressant à des curateurs qui invitent des artistes en devenir ou mis de côté par le marché », annonce Bruno Hadjadj ; le salon est installé cette année à l’Hôtel de l’Industrie à Saint-Germain-des-Prés.
D’autres ont réussi à garder le même cap depuis plusieurs années : c’est le cas d’Art Élysées, qui se concentre sur l’art moderne et l’art contemporain « classique » avec un commerce actif. « Nous ne présentons pas forcément les stars du moment, mais un art plus classique et des valeurs sûres. Les collectionneurs peuvent y trouver des repères, sans avoir besoin d’un “art advisor” [conseiller en art] ! », assure la fondatrice, Isabelle Keit. La foire réunit 60 exposants, essentiellement français (Baudouin Lebon, Berthet-Aittouarès, qui est ici de retour, la Galerie des Modernes…) aux côtés d’une section design adjointe en 2010. La nouveauté vient cette année de la création d’une branche consacrée au street art, « 8e Avenue ». « Beaucoup de collectionneurs d’art urbain ne trouvaient rien pendant cette semaine. De notre côté, nous ne pouvions agrandir la partie moderne ni aller sur le créneau de l’art émergent, déjà bien occupé, aussi, passer par l’art urbain pour aborder un art plus contemporain nous semblait la bonne solution », explique Isabelle Keit.
Le YIA poursuit quant à lui son exploration de la jeune scène mais prend un virage international. « Nous restons fidèles aux fondamentaux du YIA, mais nous avons fait un important travail de prospection pour internationaliser la foire en allant chercher des galeries à l’Armory Show et à Volta, à New York, à Singapour… », explique Romain Tichit. Les galeries Sator, Derouillon, Patricia Dorfmann ou Olivier Robert (qui fait partie des quatre galeries participant également à Officielle) figurent aux côtés d’une vingtaine d’exposants étrangers. YIA renforce aussi son programme hors les murs organisé dans quatorze lieux du Marais.
Qualité très inégale
La carte de l’international est également jouée par Slick qui convie pour sa 10e édition 50 % d’exposants internationaux, dont beaucoup viennent d’Allemagne. La foire axée sur la scène émergente accueille sous le pont Alexandre-III une trentaine de galeries dont la lilloise Cédric Bacqueville ou Claire Gastaud (Clermont-Ferrand). De son côté, « Variation », ex-Show Off, se concentre sur les arts numériques, une mue engagée en 2012. La foire invite une quarantaine d’artistes, émergents ou confirmés, dans l’espace décloisonné des Blancs-Manteaux. Le mini-Salon Zürcher, qui se tient aussi parallèlement à l’Armory Show ou à Frieze New York, invite pour sa 11e édition au format intimiste sept galeries américaines et une canadienne.
Si l’on inclut l’Outsider Art Fair, plus de 300 galeries sont réunies en marge de la Fiac cette année. Ce foisonnement d’événements à la qualité très inégale, et peu lisible pour le visiteur, a-t-il un sens ? « Plus il y a d’offre, plus le dynamisme est important pour Paris. Regardez Miami en décembre, toute la ville respire l’art contemporain, c’est formidable ! », réplique Isabelle Keit. Ne pourrait-on pas alors envisager de fédérer ces manifestations d’une façon ou d’une autre ? L’option d’un label « foires satellites » et d’un parcours reliant Slick, Art Élysées, YIA et Cutlog avait été sérieusement envisagée il y a deux ans, mais il n’en est plus question aujourd’hui. À noter, cette année, un certain nombre de galeries ont décidé de ne pas se joindre à l’effervescence des foires : c’est le cas de Claudine Papillon, Laurent Godin, Alain Gutharc ou Laurent Mueller.
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Un « off » qui s’étoffe
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Abonnez-vous dès 1 €Art Élysées, Art and design et 8e Avenue, du 22 au 26 octobre, av. des Champs-Élysées, 75008 Paris, tlj 11h-20h, lundi 26 jusqu’à 18h, www.artelysees.fr et www.8e-avenue.com.
Direction : Isabelle Keit-Parinaud, 75 galeries pour Art Élysées et 20 galeries pour 8e Avenue.
Asia Now, Paris Asian Art fair, du 20 au 22 octobre, Espace Pierre Cardin, 1, av. Gabriel, 75008 Paris, mardi 20, 11h-21h, mercredi 21, 11h à 22h, jeudi 22 11h-19h30, www.asianowparis.com.
Direction : Alexandra Fain et Ami Barak, 18 galeries.
Paris Internationale, du 21 au 24 octobre, 45, av. d’Iéna, 75116 Paris, tlj 12h-20h, www.parisinternationale.com.
Direction : collège de galeries, 34 galeries.
Salon Zürcher, du 20 au 25 octobre, Galerie Zürcher et autres galeries, rue Chapon 75003 Paris, mardi 20, vendredi 23 et samedi 24, 12h-20h, mercredi 21 sur rendez-vous, jeudi 22 jusqu’à 22h, www.galeriezurcher.com.
Direction : Gwenolée et Bernard Zürcher, 7 galeries.
SlicK, du 21 au 25 octobre, pont Alexandre-III, port des Champs-Élysées, 75008 Paris, du mercredi 22 au dimanche 26 12h-20h, mercredi 21, 12h-22h, www.slickartfair.fr.
Direction : Johan Tamer-Morael et Aude de Bourbon Parme, env. 30 galeries.
Variation. Média Art Fair, du 19 au 25 octobre, Espace des Blancs-Manteaux, 48, rue Vieille-du-Temple, 75004 Paris, tlj 12h-20h, www.variationparis.com.
Direction artistique : Dominique Moulon, env. 40 artistes.
Young International Artists, du 23 au 25 octobre, Carreau du Temple, 2, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris et hors les murs dans le Marais, vendredi 23, 12h-20h, samedi 24 et dimanche 25 11h-20h, www.yia-artfair.com.
Direction : Romain Tichit, 65 galeries.
Légende Photo :
Salon 8e avenue - 21 octobre 2015 - © photo Assia Zhiri pour LeJournaldesArts.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°443 du 16 octobre 2015, avec le titre suivant : Un « off » qui s’étoffe