PARIS
Dans le catalogue de l’exposition présentée à la Galerie Art : Concept qui inaugure à cette occasion un espace plus vaste et central, Jill Gasparina écrit : « Sanejouand n’a été ni minimal, ni nouveau réaliste, ni conceptuel bavard, ni libre figurateur, ni utopiste, ni trans-avant-gardiste... ».
PARIS - Certes, Jean-Michel Sanejouand (81 ans), dont le parcours est pour le moins déroutant, a le don de brouiller les pistes, de déjouer les critères permettant une classification commode. Pour autant, l’œuvre polymorphe de cet artiste qui s’est tenu à l’écart ne sort pas de la cuisse de Jupiter. Ainsi, quand il commence en 1962 ses « Charges-Objets », ces noces absurdes entre une œuvre d’art et un objet quotidien, le geste n’est pas sans rapport avec les travaux des Nouveaux Réalistes ou des artistes du pop art. Toutefois, l’œuvre présentée ici, au titre tautologique, Toile blanche et lacet en noir (1962), est un bon exemple de sa singularité. « Objet », car la toile est « contaminée » par le lacet. « Peinture », parce que l’on peut y voir un monochrome traversé par une horizontale noire. Une manière de déclarer que les pratiques artistiques ne sont pas incompatibles. Une façon d’affirmer le droit à la peinture, sur laquelle il reviendra plus tard. Sur, car il ne s’agit pas d’un retour à la peinture, mais d’une manière de la combiner avec l’espace.
Un artiste « historique »
De fait, pour Sanejouand, l’espace reste la grande aventure de sa vie de créateur. À partir de 1967, il l’exprime à travers les « Organisations d’espaces », en quelque sorte des installations censées modifier le regard sur des lieux familiers. La plus connue parmi ces œuvres reste l’intervention qui a pour cadre la cour d’honneur de l’École polytechnique. L’artiste y dresse d’importantes structures tubulaires, un réseau de grilles métalliques qui redécoupent l’espace. D’autres projets de type monumental ne sont pas réalisés. Sanejouand poursuit la peinture avec les « Calligraphies d’humeur », soit de grands dessins à l’encre sur toile, des saynètes inquiétantes, à l’érotisme suggéré. Mais aussi des « Espaces-Peintures », des paysages colorés aux chemins menant nulle part, où errent des personnages bidimensionnels (1978).
Ou encore des visages-masques, sujet principal des « Peintures noir et blanc », où, entourés d’arbres ou de pierres en état d’apesanteur, à la fois précis et irréels, ils forment un univers en suspension. De larges coups de pinceau, d’une spontanéité parfaitement calculée, zèbrent la surface du tableau et perturbent toute certitude figurative (1986). Dernières en date, des sculptures faites de pierre récoltées et assemblées, proches d’une abstraction biomorphique d’Arp ou de Miró.
Près d’une vingtaine d’œuvres sont proposées à la vente entre 19 000 et 90 000 euros, un prix relativement bas pour un artiste « historique », mais qui s’explique par la décote habituelle des artistes français et la discrétion de Jean-Michel Sanejouand, qui a longtemps travaillé sans galerie.
Si ses œuvres se trouvent majoritairement entre les mains de collectionneurs privés français, l’artiste est bien représenté dans les collections publiques françaises, ainsi que le rappelle le tableau du Fnac (Fonds national d’art contemporain) accroché dans le bureau de la ministre de la Culture, rue de Valois.
Nombre d’œuvres : 19
Prix : de 19 000 à 90 000 €
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Un peu d’espace, pour l’artiste et la galerie
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 24 octobre, galerie Art : Concept, 4, passage Saint-Avoye (entrée 8, rue Rambuteau), 75003 Paris, tél. 01 53 60 90 30, du mardi au samedi 11h-19h, www.galerieartconcept.com
Vue de l'exposition Jean-Michel Sanejouand dans les nouveaux locaux de la galerie Art : Concept © Photo courtesy de l’artiste et Art : Concept, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°443 du 16 octobre 2015, avec le titre suivant : Un peu d’espace, pour l’artiste et la galerie