Après la disparition en Espagne du salon Dfoto, qui se déroulait à San Sebastián, la première édition de Madridfoto se concentre sur la photographie contemporaine.
MADRID - Inaugurée par la ministre espagnole de la Culture, Angeles Gonzáles-Sinde, la foire de photographie contemporaine Madridfoto, organisée du 7 au 10 mai à l’initiative d’un groupe de collectionneurs et entrepreneurs hispaniques, affichait ses ambitions : dynamiser le marché initié dès 2004 par le salon Dfoto de San Sebastián dissout l’an dernier, tout en se positionnant entre Paris Photo et Miami Photo, deux événements phares. Faisant fi de l’économie locale sinistrée, quarante-sept galeries internationales cautionnaient cet acte de bravoure. « Se spécialiser dans la photo contemporaine est la bonne idée car toute une production mondiale reste à montrer », affirmait Enrique de Polanco dont la société Art Fairs a financé Madridfoto à hauteur de 70 % sur un budget global de 2 millions d’euros. « Cette première édition, calquée sur Paris Photo, cible un jeune public comme les institutions et les municipalités espagnoles qui débutent des collections », expliquait Giulietta Speranza, directrice artistique de Madridfoto après avoir cogéré deux éditions du festival madrilène PHotoEspaña.
Le pari n’était pas gagné : à l’exception d’Hermès, de Sotheby’s et Saab, les sponsors ont fait défection. La campagne d’affichage promise par la Ville a été annulée au profit de la candidature de Madrid aux Jeux olympiques de 2016, tandis que la foire, privée de lieux attractifs situés au cœur de la capitale, a dû s’exiler dans le parc d’expositions proche de l’aéroport. En dépit d’un manque de pièces maîtresses, trente et une galeries espagnoles, seize exposants latino-américains et européens, plus six éditeurs tenaient la promesse d’une foire de qualité à prix raisonnables. Le visiteur pouvait acquérir les œuvres les plus récentes d’artistes reconnus : un portfolio inédit d’Alberto Garcia-Alix pour 7 800 euros (Carles Taché, Barcelone), une pièce unique de Wolfgang Tillmans à 17 000 euros (Juana de Aizpuru, Madrid) ou « The Family XI » de Marina Abramovic pour 50 000 euros (La Fábrica, Madrid). La création hispanique prédominait avec, notamment, Antoni Muntadas, Aitor Ortiz ou Ruben Acosta, premier lauréat du prix Acciona pour le développement durable. Étaient visibles également de jeunes talents tels Carla Cabanas (Carlos Carvalho, Lisbonne), Jordi Llorella ou Victoria Campillo (Ego Gallery, Barcelone) dont la cote atteint 2 000 euros. Des pépites se dénichaient avec un rare vintage d’Ouka Leele, figure de la « movida » madrilène (galerie Vu’, Paris) ou la série « Todo angel es terrible » du Mexicain José Antonio Martínez, une méditation sur la beauté de la mort inspirée des élégies de Rainer Maria Rilke (Patricia Conde, Huixquilucan). « L’Espagne n’a aucun Charles Saatchi ou Bernard Arnault, mais ouvre chaque année des musées d’art contemporain très actifs », notait la galeriste Juana de Aizpuru (Madrid) qui n’aurait vendu que six petits formats de Cindy Sherman à une collection allemande. Au final, les 10 200 visiteurs auraient peu acheté. En 2010, MadridFoto visera à réunir soixante exposants internationaux et à se coupler au festival PhotoEspaña avancé en mai pour devancer la Foire de Bâle.
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Un nouveau rendez-vous à Madrid
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Un nouveau rendez-vous à Madrid