PARIS
Un an de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende ont été requis jeudi contre un Américain jugé devant la cour d'appel de Paris pour « contrefaçon » de sculptures d'Auguste Rodin, reproduites à un niveau « industriel » avant d'être vendues et même exposées à l'étranger.
Gary Snell, 70 ans, a utilisé « sans vergogne » le nom d'Auguste Rodin, a estimé l'avocat général. « Il connaissait parfaitement la législation française et savait parfaitement ce qu'il voulait faire : vendre des faux-originaux de Rodin, au mépris des droits de l'auteur ». L'originalité de ce procès vient du fait que les tirages des œuvres contrefaites ont été réalisés à partir d'authentiques plâtres, vendus par la fonderie historique de Rodin, Rudier.
Pour le représentant du parquet, la contrefaçon a atteint « un stade industriel ». L'avocat général a requis 30.000 euros d'amende contre la société italienne Gruppo mondiale, dont Gary Snell a été le patron et qui a depuis été liquidée. Il a demandé 4 mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende contre trois Français jugés pour « complicité de contrefaçon ».
Gruppo Mondiale aurait produit, selon des estimations, environ 1.700 pièces à partir de 52 œuvres de l'artiste, pour un prix moyen de vente de 40.000 euros, ce qui représente un chiffre d'affaires de 68 millions d'euros. Les faits sont anciens : le musée Rodin a déposé plainte en 2001. Les œuvres « sont aujourd'hui disséminées dans le monde entier », a déploré l'avocat du musée, Régis Cusinberche, avant d'accuser : « Gruppo mondiale a organisé son auto-dissolution dans le but de ne pas comparaître ».
Les sculptures, qui ont été présentées notamment à Venise et Genève « comme des œuvres originales », ne portaient pas la mention « reproduction », a mis en avant l'avocat. « Gary Snell présentait des certificats d'authenticité » ; « La production était numérotée (...) pour la faire passer pour originale ». Des jambes modifiées, une nuque aplatie, un trou sur une phalange (etc) : des pièces vendues étaient « altérées » par rapport aux œuvres du père du Penseur. « Le préjudice du musée Rodin est considérable », a affirmé Me Cusinberghe.
Dans ses derniers mots à la cour, Gary Snell a affirmé au contraire qu'il était de « bonne foi ». « Il n'y avait pas chez lui l'intention de faire quelque chose d'illégal », a plaidé son avocat Christian Beer. Aucun objet n'a été vendu ou exposé en France, a-t-il mis en avant. « Or la loi qui impose la mention "reproduction" ne s'applique qu'en France ». Gary Snell, qui avait rencontré des responsables du musée Rodin, des avocats, des experts, a même été d'« une vigilance extrême », a affirmé l'avocat. La cour rendra son arrêt le 17 avril.
Cet article a été publié par l'AFP le 21 février 2019.
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Un an de sursis requis contre un Américain accusé de contrefaçon de sculptures de Rodin
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