Foire & Salon

Art contemporain

À Singapour, deux foires deux ambiances

Jouant de positionnements différents, Art Stage qui polarise l’art à Singapour et son outsider Singapore Contemporary Art Show ont présenté un large éventail de la scène artistique du Sud-Est asiatique.

SINGAPOUR - Jeudi 21 janvier, à Suntec, avait lieu le vernissage de Singapore Art Contemporary Show, la nouvelle foire qui prend ses quartiers à Hongkong. Douwe Cramer, le cofondateur de la foire règle lui-même les derniers détails et s’assure que les visiteurs ne bloquent pas les entrées. « C’est mon style, explique-t-il. Je suis toujours sur le terrain, dans les allées c’est le seul moyen de ressentir ce qui se passe. » Pour cette première édition à Singapour, les organisateurs ont pu compter sur la présence de soixante-cinq galeries et de 16 000 visiteurs. Une foire hétéroclite, à l’accrochage peu harmonieux qui a fait le pari du moyen de gamme se positionnant entre Affordable Art Fair et Art Stage. Sans apporter une formule vraiment innovante, ni un souffle nouveau, la foire a néanmoins séduit le public avec l’organisation de visites destinées aux enfants et des rencontres avec les artistes. « Nous réfléchissons d’ores et déjà à de nouvelles pistes pour l’édition 2017, comme développer la photographie et le digital média », explique Douwe Cramer qui a signé un contrat de trois ans avec le centre d’exposition. 

À quelques encablures de Suntec, Marina Bay Sands accueillait pour la sixième année, Art Stage, la foire qui a permis de placer Singapour sur la carte mondiale de l’art. Une foire qui aujourd’hui affiche clairement son identité asiatique, ou plutôt sud-est asiatique, comme en témoignent les galeries représentées. Sur 175 galeries, 75 % d’entre elles viennent d’Asie dont 38 % viennent précisément d’Asie du Sud-Est. Pour cette sixième édition qui s’est tenue du 21 au 24 janvier, Lorenzo Rudolf a voulu miser sur le contenu. « L’Asie du Sud-Est est encore un marché de l’art émergent et en tant que foire nous avons aussi un rôle d’éducation à jouer », affirme le Suisse. Cette année, la foire s’est organisée autour du concept de « forum » articulé autour de l’urbanisation avec, d’une part une exposition de dix-neuf artistes du Sud-Est asiatique, et d’autre part des conférences. Parmi les intervenants figuraient l’architecte hollandais Rem Koolhaas ou encore le commissaire-priseur Simon de Pury. « Nous avons dû refuser du monde, expliquent les organisateurs de la foire. C’est positif cela montre qu’il y a un intérêt pour la dimension intellectuelle de l’art contemporain. » De quoi se réjouir, alors que la foire a enregistré tout de même une baisse de fréquentation de 20 % cette année, avec 40 500 visiteurs contre 51 000 l’année dernière.

Art Stage peine à se renouveler
Du côté des ventes, la plupart des galeries ont observé un ralentissement par rapport à l’année précédente, même si certaines galeries comme la galerie japonaise Sakurado Fine Arts se félicitait d’avoir vendu des œuvres de Yayoi Kusama pour un total de plus d’un million d’euros. Mais dans l’ensemble, ce sont les galeries de Singapour qui ont su le mieux tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de la galerie Sundaram Tagore, présente depuis la première édition d’Art Stage, qui avait investi le plus grand stand de la foire et organisé également un solo show de l’artiste chinois Zheng Lu. La galerie présente à New-York, Londres et Hongkong a vendu une œuvre de l’artiste coréenne Chun Kwang Young pour 162 000 euros, deux photographies de Steve McCurry à 39 000 euros chacune, trois sculptures de Zheng Lu (deux à 58 000 euros, une à 120 000 euros), ainsi qu’une œuvre de l’artiste singapourien Jane Lee à 30 000 euros. Richard Koh, dont la galerie présente à Singapour et à Kuala Lumpur exposait à Art Stage, s’est dit raisonnablement satisfait de ses ventes tout en regrettant l’absence de nouveaux acheteurs. « Je vends à des gens que je connais, à des collectionneurs du Sud-Est asiatique, mais on ne voit toujours pas assez de collectionneurs chinois ou occidentaux », déplore-t-il. Selon Aenon Loo de White Cube, qui présentait entre autres une carte de Singapour de Damien Hirst réalisée entièrement à partir de matériel chirurgical, Art Stage n’arrive toujours pas à trouver son rythme de croisière. « Il y a bien sûr le contexte économique qui n’est pas favorable cette année, mais de façon générale cette foire a du mal à grandir », observe-t-il. Mais les allées de la foire bruissaient de rumeurs sur Art Central Hongkong, la nouvelle foire qui monte et qui pourrait bien s’installer à Singapour !

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Les œuvres d'Eko Nugroho présentées sur le stand de la galerie Arndt, lors de la dernière édition d'Art Stage Singapore. © Art Stage Singapore.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°450 du 5 février 2016, avec le titre suivant : À Singapour, deux foires deux ambiances

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