Jeux Olympiques - Ventes aux enchères

Quand l'olympisme enflamme

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 18 mai 2012 - 1036 mots

Pour les amateurs de souvenirs des J.O., y compris de feu les J.O. artistiques, la course aux objets de collection est réactivée par la tenue des Jeux de Londres.

Chaque olympiade suscite la fibre collectionneuse de nombreux amateurs de souvenirs olympiques. Les affiches sur la candidature de la ville de Londres aux J.O. d’été de 2012 se négocient déjà entre 100 et 200 euros. La règle : tout matériel olympique, à condition qu’il soit officiel, devient un « collector ». À commencer par la torche, porteuse d’une flamme que des coureurs acheminent depuis Olympie en Grèce jusqu’au stade de la ville hôte des Jeux. La toute première fut inaugurée à Berlin en 1936. La rareté d’une torche fait grimper son prix. Une torche éditée à plus de 2 000 exemplaires est considérée comme un modèle « courant », accessible à partir de 1 000 euros.

La valeur des médailles et des diplômes des vainqueurs comme des participants est, elle, proportionnelle à la notoriété du sportif. Elle varie de 500 euros pour le diplôme d’un sportif peu connu dans une petite discipline à 10 000 euros pour celui d’une star internationale de l’athlétisme. Le diplôme de champion olympique de Charles Rigoulot, obtenu pour sa médaille d’or remportée aux poids et haltères dans la catégorie mi-lourds à Paris en 1924, a par exemple été adjugée 5 000 euros aux enchères à Drouot en 2010. Les badges, affiches, cadeaux aux vainqueurs, timbres, mascottes, billets, pin’s, programmes et rapports olympiques, tenues de défilés, etc., font l’objet eux aussi d’un commerce lucratif, à condition qu’ils soient toujours « officiels ».

Il faut aussi noter que, de 1912 à 1948, à l’initiative du baron Pierre de Coubertin, il existait des disciplines olympiques artistiques (peinture, sculpture, architecture, musique et littérature). Les compétitions olympiques d’art furent supprimées, notamment en raison de la faible participation d’artistes de renommée mondiale. Les peintures et sculptures « olympiques », y compris celles qui ont participé à la sélection sans être primées, sont aujourd’hui recherchées, entraînant la surcote de certains artistes.

Enfin, signalons que l’enchère record pour un objet olympique revient à une coupe unique en argent offerte par le Français Michel Bréal (créateur de l’épreuve moderne du marathon) au vainqueur du premier marathon des jeux Olympiques modernes en 1896 à Athènes, l’athlète grec Spyros Louis. Quoique semi-officielle, cette pièce historique s’est vendue 655 500 euros, en avril dernier à Londres.
 

Les cadeaux aux vainqueurs
La remise de cadeaux officiels aux champions olympiques dépend de la volonté du comité d’organisation du pays accueillant les Jeux. Pour ceux de 1924 à Paris, les vainqueurs sont repartis avec un vase de la Manufacture nationale de Sèvres. Celui-ci fut remis à Charles Rigoulot (1903-1962), médaillé d’or en haltérophilie en 1924, en catégorie mi-lourds avec un total de 332,5 kg aux 3 mouvements et 502,5 kg aux 5 mouvements. « Ce prestigieux champion olympique français a marqué de son empreinte l’histoire du sport français. Il fut détenteur de nombreux records du monde. Il était le seul homme jusqu’en 1950 à pouvoir soulever le fameux essieu d’Apollon de 162,5 kg », précise l’expert Jean-Marc Leynet.

Vase en porcelaine de Sèvres signé M.O. Guillonnet, J.O. de 1924 à Paris. Cachet de la Manufacture nationale de Sèvres au-dessous. Décor figurant la lutte, le javelot, la boxe et le lancer de poids, dans des médaillons. Provenance : famille de Charles Rigoulot, champion d’haltérophilie.

Adjugé 12 886 euros, le 20 juin 2009 à Drouot, maison de ventes Coutau-Bégarie, Paris.

Flambée de prix pour les torches
Les torches olympiques voient leur prix s’envoler en fonction de plusieurs critères : la rareté, la beauté du design et la popularité des J.O. auxquels elles ont servi. La torche de 1952 à Helsinki est la plus recherchée, en raison de sa rareté extrême : elle a été fabriquée à seulement 22 exemplaires. Pour comparaison, la toute première (celle des Jeux de 1936 à Berlin) a été réalisée à 3 842 exemplaires. Et on compte plus de 20 000 torches pour les J.O. de 1988 à Séoul ainsi que pour ceux de 2008 à Pékin.

Torche officielle, Jeux de 1952 à Helsinki, avec son manche en bois ronceux et son fourneau en argent tronconique (aux cinq poinçons) à décor des cinq anneaux et une couronne de lauriers, gravé « XV Olympia, Helsinki, 1952 ». 15 trous de ventilation symbolisent les Jeux de la XVe olympiade. 22 exemplaires, 58,9 cm.

Adjugée 348 000 euros, le 3 février 2011, maison de ventes Vassy-Jalenques, Clermont-Ferrand (record mondial pour une torche olympique aux enchères).

Les médailles
Environ 300 médailles sont éditées dans chaque catégorie (or, argent, bronze), avec des tirages supplémentaires de réserve. Les médailles de vainqueurs sont très collectionnées, à partir de 2 000 euros. Le prix est doublé si figure le nom du champion, et quadruplé s’il est connu. La cote d’une médaille d’or d’une star internationale du sport peut atteindre 30 000 euros.

Médaille d’or de champion olympique, Jeux d’été de 1980 à Moscou, en vermeil avec son ruban et son écrin, par Cassioli et Postol. Sur l’avers : la déesse de la Victoire tenant dans sa main gauche une palme et dans sa main droite une couronne de vainqueur, selon un dessin réalisé par Giuseppe Cassioli. 6 cm.

Adjugée 3 120 euros, le 3 février 2011, maison de ventes Vassy-Jalenques, Clermont-Ferrand.

Les J.O. à l’affiche
Il existe beaucoup d’affiches sur les J.O. Mais les affiches artistiques, publicitaires, semi-officielles ou d’initiation n’entrent pas dans les collections olympiques rigoureusement vouées aux seuls souvenirs officiels des Jeux. En dehors de leur rareté et de leur état de conservation, les affiches officielles s’apprécient en fonction de leur esthétisme : les sportifs en action étant très prisés. Si les Jeux de 1900 à Paris et ceux de 1904 à Saint-Louis (USA) ont été soutenus par les Expositions universelles, la 4e olympiade de Londres a été sponsorisée par l’exposition franco-britannique de 1908. Un athlète du saut en longueur anime cette affiche destinée au public belge.

Affiche des jeux Olympiques de 1908 à Londres (1908) par Alfred Edwin Johnson, illustration de Noel Pocock. Lithographie en couleurs entoilée, en bon état de conservation. Dimensions : 100 x 63 cm.

Adjugée 18 150 euros, le 18 avril 2012, Christie’s, Londres.

 

Où voir et où acheter

Musée olympique, 1, quai d’Ouchy, Lausanne (Suisse), www.olympic.org/fr/le-musee-olympique

Musée national du sport, avenue de France, Paris-13e, www.museedusport.fr

Maison de ventes Coutau-Bégarie, 60, avenue de la Bourdonnais, Paris-7e, www.coutaubegarie.com

Maison de ventes Vassy-Jalenquesv, 19, rue des Salins, Clermont-Ferrand (63), www.ivoire-clermont.fr

Christie’s, 9, avenue Matignon, Paris-8e, www.christies.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Quand l'olympisme enflamme

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