Foule impressionnante au vernissage, quelque 22 000 visiteurs au total : Paris Photo, qui s’est tenu du 20 au 24 novembre au Carrousel du Louvre, a remporté son pari. D’autant plus que la soixantaine d’exposants, à la quasi-unanimité, s’affirme satisfaite. Rik Gadella annonce donc une deuxième édition du 20 au 23 novembre 1998, au Carrousel du Louvre, sur le thème « Photographie et architecture ».
PARIS - "Le salon a dépassé toutes nos espérances, s’est félicité Rik Gadella, éditeur de livres d’artistes et père de cette première, d’abord par la qualité du public, mais aussi par le nombre des ventes et par les demandes de participation à la prochaine édition". “Cela a été merveilleux, ajoutait Agathe Gaillard, pendant quatre jours nous avons vécu dans l’illusion que tout le monde aimait la photographie ! Rien ne sera plus comme avant”. Pour la galeriste, qui a vendu des Weegee et des Hervé Guibert notamment, cette première foire exclusivement consacrée à l’image fixe jamais organisée en France a réussi à montrer la diversité des pratiques, du photojournalisme à la photographie “plasticienne”, de l’agence ou l’éditeur de livres à la galerie. Baudoin Lebon, qui a vendu Victor Hugo et Robert Mapplethorpe, soulignait l’importance d’avoir créé des synergies entre les stands des exposants, l’exposition d’une sélection de la collection de Manfred Heiting et celle de la Maison européenne de la photographie, et d’avoir pu obtenir la venue d’indispensables galeries américaines. Celles-ci, comme Janet Lehr, repartie avec un tirage de Coburn invendu à 350 000 dollars, ou Edwynn Houk, vont devoir revoir leur accrochage si elles reviennent. Houk présentait de magnifiques images de Lynn Davis, entre autres, dont les prix étaient en majorité largement supérieurs au pouvoir d’achat des Français, évalué “entre 1 000 et 2 000 dollars”. Mais la galerie britannique Hamiltons affirme avoir vendu un Irving Penn 84 000 francs, et Zabriskie (France) un petit tirage de Man Ray de la collection Paul Guillaume 35 000 francs. Liliane & Michel Durand-Dessert ont cédé des pièces de Patrick Tosani, Georges Rousse et Balthasar Burkhard à “des collectionneurs d’art contemporain”. “Le public était très différent, très pointu”, ont constaté les galeristes, espérant que la prochaine édition conservera sa “taille humaine”.
De son côté, la marchande Nina Beskow, qui présentait un accrochage Gisèle Freund, a cédé seize portraits entre 10 et 15 000 francs. Christian Caujolle, directeur de l’agence Vu, s’affirmait satisfait d’avoir trouvé des amateurs pour Graciela Iturbide et une série de 20 images de Bernard Faucon. Enfin, Henri Cartier-Bresson a trouvé le salon “sociologiquement et psychologiquement intéressant”, tout en faisant la chasse à des tirages qu’il jugeait mis en vente abusivement. La manifestation a offert peu de découvertes, surtout en contemporain. En revanche, le stand de Csaba Morocz a créé la surprise et a été pratiquement dévalisé dès le premier jour. Ce marchand hongrois exhumait à des prix raisonnables – moins de 18 000 francs – des vintages d’artistes méconnus : Escher, Kalman, Kinski ou Angelo qui, contrairement aux grands noms comme Kertesz ou Moholy-Nagy, n’avaient pas émigré. L’histoire de la photographie peut s’écrire tous les jours.
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Paris Photo : objectif atteint
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Paris Photo : objectif atteint