PARIS
La première édition de Paris+ par Art Basel électrise le monde de l’art contemporain. Chacun veut en être et le programme est très dense.
Paris se rêve en capitale mondiale de l’art – malgré les quelques ombres au tableau que fait planer une rentrée sociale sous haute tension. La menace des grèves va-t-elle gâcher la fête ? Personne en tout cas ne pourra tout voir, ni tout faire lors de cette semaine particulièrement riche en expositions, en inaugurations et en événements mondains divers. Dans quelle catégorie classer les remises de récompenses ? On n’en comptera pas moins de trois entre le 18 et le 21 octobre : le prix Marcel Duchamp, celui des Révélations Emerige et le prix de la Fondation Pernod Ricard. Les professionnels de l’art à l’affût de nouveaux talents pourront aussi se rendre au Salon de Montrouge (Hauts-de-Seine) pour la jeune création, inauguré quelques jours auparavant. Ou découvrir, dans les locaux d’un ancien collège de Pantin (Seine-Saint-Denis), les 50 résidents de la première promotion d’« Artagon Pantin », le troisième lieu de l’association dévolue à la promotion de la création émergente.
La semaine est tellement dense que le Comité professionnel des galeries d’art a choisi d’en donner le coup d’envoi la veille, le 16 octobre. Pour sa 8e édition, « Un dimanche à la galerie » se greffe au calendrier des foires parisiennes avec, rassemblées sous sa bannière, 150 enseignes – dont un peu moins d’un quart ont également un ou plusieurs stands dans le « in » ou le « off ». Voire, une exposition hors les murs, comme Nathalie Obadia, qui présente à partir du 13 octobre (et jusqu’au 6 février 2023) « Mickalene Thomas : avec Monet », en partenariat avec le Musée de l’Orangerie.
Une partie des institutions et des fondations ont verni leurs expositions d’automne la semaine précédente, avec des têtes d’affiche tels Anri Sala à la Bourse de commerce (Time no longer), Laurent Grasso au Collège des Bernardins (« Anima »), Théo Mercier à La Conciergerie (« Outremonde, The Sleeping Chapter »). Les autres lieux ouvrent peu avant Paris+ : le Palais de Tokyo et Lafayette Anticipations s’associent pour une double exposition de Cyprien Gaillard (« Humpty/Dumpty ») ; le Petit palais accueille une installation d’Ugo Rondinone (« The water is a poem… ») ; Patti Smith & Soundwalk Collective s’installent au niveau 4 du Centre Pompidou (« Evidence »)…
Côté commercial, outre les foires off gravitant autour de Paris+ – Asia Now, Akaa, Moderne Art Fair, Paris Internationale –, la galaxie de l’art contemporain comporte quelques satellites plus discrets, mais bien installés, comme Private Choice et son mélange d’art et de design, ou Chambres à part, qui, sous la houlette de Laurence Dreyfus, investit pour sa 20e édition l’ancienne boutique Pierre Cardin, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Ont également surgi dans le paysage un ou deux ovnis, tels que « Offscreen », autour de « l’image fixe et en mouvement », à l’Hôtel Salomon de Rothschild, ou la micro-foire « Bienvenue », qui donne rendez-vous à l’hôtel La Louisiane (Paris-6e). À tout cela il faut ajouter le parcours hors les murs de Paris+, intitulé « Sites », depuis « La suite de l’Histoire » au jardin des Tuileries et au Musée Eugène-Delacroix, jusqu’à Omer Fast à la chapelle des Petits-Augustins des Beaux-Arts de Paris, en passant par la place Vendôme et l’installation d’Alicja Kwade (jusqu’au 13 novembre).
La fièvre de l’art s’étend au-delà de Paris, jusqu’à Romainville (Seine-Saint-Denis), où la Fondation Fiminco a donné carte blanche à Jennifer Flay – en vacances de RX en attendant de prendre ses nouvelles fonctions à Paris+ – pour une exposition dont le titre « De toi à moi » (jusqu’au 27 nov.) sonne comme un doux délit d’initié. Au sud de la capitale, à Meudon (Hauts-de-Seine), le Hangar Y clôt la semaine de l’art en entrouvrant ses portes – avant un lancement officiel de ses activités prévu au printemps prochain.
L’« art week » a aussi son volet festif. Du classique dîner des Amis du musée – tel celui du Musée d’art moderne de Paris qui s’est tenu le mardi 18 – aux célébrations anniversaires : comme les 10 ans de Yishu 8, la Maison des arts de Pékin, qui s’installe au Musée Guimet, ou ceux de la Galerie Cécile Fakhoury, laquelle privatise le club Carmen. Ou encore les 20 ans d’Artcurial, fêtés dans ses murs. Paul-Emmanuel Reiffers organise un dîner privé à l’Acacias Art Center afin de célébrer la nouvelle exposition du mentorat Reiffers Art Initiatives, en présence des artistes Alexandre Diop et Kehinde Wiley. David Zwirner embarque pour sa part ses invités sur une péniche amarrée au port des Invalides avec vue sur la tour Eiffel, tandis que Georges-Philippe et Nathalie Vallois reçoivent à la maison… Le club Le Silencio, qui se positionne en « complice des grandes manifestations culturelles », lance un programme de trois mois pour fêter sa création en 2012 avec, à l’occasion de Paris+, une soirée programmée par l’artiste Tavares Strachan (à l’affiche d’une double exposition dans les galeries Perrotin et Marian Goodman) et un « dîner brutaliste » de Carsten Höller. Depuis 2010, l’Institut français invite quant à lui chaque année une délégation étrangère de directeurs et directrices d’institutions et de commissaires indépendants.« Cette année, explique Adeline Blanchard, cheffe de projet“Focus Arts visuels”, nous nous réjouissons d’accueillir à nouveau des gens qui peuvent venir du Brésil, du Japon, d’Australie, de Corée ». Paris rayonne plus que jamais.
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Paris+ magnétise la capitale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°597 du 21 octobre 2022, avec le titre suivant : Paris+ magnétise la capitale