Ventes aux enchères

Martin Böhm : « 2020 a été une bonne année pour Dorotheum »

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 2 mars 2021 - 669 mots

Martin Böhm est le codirecteur de la maison de vente viennoise Dorotheum. Celle-ci étant privatisée en 2001 par l’État autrichien, il a racheté l’institution avec un groupe de quelques amis, eux aussi hommes d’affaires.

Comment s’est passée l’année 2020 ?

L’année avait très bien démarré, et puis il y a eu le choc du confinement. Nous avons alors reporté toutes nos grandes ventes en juin et en novembre, et elles se sont très bien passées. Quant aux autres ventes, elles ont basculé en ligne. Au final, nous avons eu une bonne année, avec des chiffres solides car la demande est restée très forte. En juin, nous avons même eu plus d’un million de visiteurs sur la page d’accueil de notre site. En tant que compagnie privée, nous ne communiquons pas nos chiffres, mais, en général, nous sommes au même niveau qu’Artcurial (150 millions d’€), même si cette année nous sommes au-dessus. Concernant les ventes en ligne, nous avions une longueur d’avance. Nous avons acheté Dorotheum en 2001 avec un groupe d’amis avec qui nous avions fondé auparavant onetwosold (le eBay autrichien), donc nous avions déjà une grande expérience dans les ventes online. C’est aussi une des raisons pour laquelle l’année s’est assez bien passée pour nous.

Quelle est la particularité de Dorotheum ?

L’histoire de la maison, plus de 300 ans d’âge, est très particulière. Le lieu est très grand, en plein centre de Vienne. En Autriche, c’est un endroit très célèbre. Nous avons 40 départements – il n’y a pas beaucoup de maisons qui en ont autant – et 100 experts, avec pas moins de 600 ventes par an qui sont organisées. Nos spécialités phares sont les tableaux anciens et du XIXe siècle, l’art moderne et contemporain ainsi que les bijoux. Mais le département le plus fort est celui de l’art contemporain car il y a beaucoup plus d’offre, contrairement aux tableaux anciens où la demande est forte mais l’offre est très réduite.

Quelle est votre stratégie pour les mois à venir ?

Je suis davantage préoccupé par l’année 2021 que l’année 2020, car le problème en ce moment, et pour toutes les maisons, c’est l’offre. D’autant plus qu’avec la crise sanitaire, nos bureaux sont fermés et nos experts ne peuvent pas voyager. Je pense que nous allons faire comme l’année dernière et programmer nos grandes ventes assez tard, en juin, et toutes les autres ventes se feront en ligne. Si, au départ, nos experts étaient réticents quant aux ventes sur Internet, ils sont désormais très engagés, car ils ont constaté qu’elles marchaient très bien. Le marché est en train de changer, il s’ouvre à de nouveaux clients, à des clients plus jeunes, moins de 40 ans. Pour eux, c’est plus transparent et moins impressionnant que lors d’une vente physique où il faut bien maîtriser certaines pratiques. Il n’est pas question pour l’instant d’ouvrir d’autres bureaux – nous en avons déjà à Rome, Prague, Bruxelles, Milan ou encore Londres – nous allons voir comment le marché évolue, comment cela va se passer avec le Brexit. De toutes manières, avec Internet, le lieu de vente ne compte plus, c’est la confiance des clients qui est primordiale.

Frans Francken II

Le 21 avril 2010, la maison de ventes viennoise a adjugé pour 7 millions d’€, L’Homme qui doit choisir entre ses qualités et ses défauts, une huile sur panneau peinte vers 1635 par le peintre flamand (1581-1642), un record pour l’artiste, mais aussi la plus haute enchère de toute l’histoire de la maison.


1707

C’est la date à laquelle la maison de vente a été fondée par l’empereur Joseph Ier, faisant d’elle l’une des plus anciennes salles de ventes du monde. Le bâtiment, un ancien couvent devenu trop petit, sera détruit sur ordre de l’empereur François-Joseph et remplacé par un nouveau en 1901.

 

« Tout le monde vient au Dorotheum pour acheter ou vendre, c’est devenu une vraie marque. Et, en Autriche, tout le monde connaît l’endroit, mêmeles enfants ! » Daniela Gregori, auteur du livre Dorotheum, les 300 premières années.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°742 du 1 mars 2021, avec le titre suivant : Martin Böhm : « 2020 a été une bonne année pour Dorotheum »

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