Le Symev organise ses « Premières Journées nationales des ventes aux enchères ». Ambiance pédagogique et ludique garantie.
PARIS - Dépoussiérer aux yeux du grand public l’image surannée des salles des ventes et par là même celle austère des commissaires-priseurs , telle est la mission que s’est donné le Symev (Syndicat national des maisons de ventes volontaires) en lançant les toutes « Premières journées nationales des ventes aux enchères » auprès de leurs adhérents, le week-end des 19 et 20 novembre. Plus de la moitié des sociétés de ventes (SVV) ont répondu favorablement à cette opération parrainée par le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres. « Notre profession souffre d’un déficit d’image et de communication. Nous souhaitons nous ouvrir davantage à une clientèle plus jeune et non initiée qui ne nous connaît pas et qui constitue un formidable marché potentiel si l’on en croit l’explosion de la “troc-mania”, de la “brocante-mania”, et les 4,6 millions d’acheteurs/vendeurs inscrits [en France] sur e-bay. Aussi nous nous sommes donné deux jours pour descendre de notre piédestal et aller vers ce nouveau public », annonce Jean-Pierre Osenat, président du Symev et commissaire-priseur à Fontainebleau. Un tour de France des salles des ventes montre combien de nombreuses SVV relèvent le défi avec force imagination et pédagogie.
Tableaux russes
Ventes d’objets accessibles à toutes les bourses, thématiques originales, ventes de Noël, ventes caritatives et nocturnes, simulations de vente, expertises gratuites, tables rondes, mini-conférences, initiation et formation à la vente aux enchères, projections de films, jeux et animations, cocktails…, les initiatives sont légion en régions. En Pays de la Loire, Jean-Philippe Courtois, commissaire-priseur à Angers, dirigera le dimanche 20 novembre une vente de tableaux d’artistes russes contemporains (écoles de Saint-Pétersbourg, Moscou et Vladimir). « J’ai trouvé intéressant de faire découvrir au grand public ce type de vente russe que j’organise une fois l’an depuis quinze ans. Les peintres sont peu ou pas connus et les prix demandés sont donc peu élevés, de 100 à 1 400 euros. Il ne s’agira pas d’achats spéculatifs mais de coups de cœur à accrocher au mur », souligne-t-il. Les SVV spécialisées dans la vente de véhicules neufs et d’occasion ont également pris part au projet avec des visites pédagogiques organisées à Béthune, à Esures (près de Tours). À Fléville (près de Nancy) est aussi prévue la diffusion d’un film pédagogique sur le fonctionnement des ventes aux enchères dans ce domaine particulier. C’est autour d’un chaleureux verre de vin en amont d’une vente qui démarrera à 14 h 30 le 19 novembre que la SVV Deauville Auction accueillera les visiteurs, tandis qu’à Beaune, la traditionnelle et 145e vente des vins des hospices de Beaune sera pour la première fois organisée et animée par Christie’s.
“Enchères Academy”
Valérie Bouvier et Françoise Dapsens-Bauve, qui dirigent l’hôtel des ventes de Coulommiers, mettront l’accent sur l’accessibilité de la marchandise et des prix autour de deux « petit déjeuner-débat » : « Enchères : mode d’emploi » le samedi de 10 heures à midi et « De l’expertise à la vente : les clés du marché et les astuces » le dimanche de 10 heures à midi (entrée libre et gratuite). Elles y attendent amateurs, curieux et collectionneurs, avant de démarrer une vente marathon non-stop « De midi à minuit ». « Le samedi de 12 heures à 18 heures, nous disperserons des objets sur des mises à prix de 10 à 500 euros. De 18 heures à 20 heures, nous faisons une pause autour d’un cocktail apéritif. Puis nous enchaînons sur la nocturne, de 20 heures à minuit, durant laquelle des objets de charme ou insolites sont offerts dans une fourchette de prix allant de 200 à 5 000 euros, annoncent-elles. Le dimanche, nous remettons cela à partir de 14 heures avec mille et une idées-cadeaux pour Noël (jouets, poupées, timbres, pièces d’or et d’argent, livres, stylos, accessoires de fumeur, vins, cartes postales, accessoires de mode, linge de maison, arts de la table, porcelaines, tapis, lustres, miroirs…). »
D’autres « pros » du marteau ont été autrement bien inspirés, tel Philippe Rouillac à Vendôme (Loir-et-Cher) qui, après une visite dans les réserves de son hôtel des ventes, nous invite à participer le samedi 19 novembre à 16 heures à son école des enchères, une opération baptisée « Enchères Academy ». Au cours d’une vente fictive, cinq candidats sélectionnés sont soumis à cinq épreuves face à un public qui a pour mission de les noter selon les critères : accueil, réception de l’objet, description de l’objet, criée des enchères, adjudication, emballage de l’objet et établissement de la facture ! « L’heureux gagnant, plébiscité par le public, se verra remettre un rare marteau en bois ! », jubile le commissaire-priseur, qui lance un appel à candidatures. À Beauvais, au cours de la vacation du samedi après-midi (SVV Beauvais Enchères), des volontaires parmi le public pourront prendre la place du commissaire-priseur, crier la vente et monter les enchères. Le meilleur crieur sera sélectionné par le public et remportera une récompense.
Une « Vente pour enfants » au profit de l’association Vaincre la mucoviscidose sera menée par les commissaires-priseurs de Morlaix (SVV Oriot-Dupont). Lors d’une présentation de la profession destinée aux écoles et collèges de la ville, ils proposeront aux élèves d’offrir des jouets, lesquels seront ensuite vendus sans frais de vente. Quelques enfants tiendront le marteau pour cette vacation dont les gains seront intégralement versés à l’association. La sensibilisation des enfants au monde des enchères est aussi l’angle d’approche choisi par Sotheby’s à Paris. Dans le cadre d’un programme intitulé « Jeunes amateurs d’art », la maison de ventes convie petits et grands à un jeu de pistes organisé tout le week-end de 14 heures à 18 heures autour de la collection Mony Linz-Einstein composée de barbotines et objets de curiosité exposée à la Galerie Charpentier, avant sa dispersion le 22 novembre.
Les 19 et 20 novembre, programme complet au 01 45 72 67 39 ou sur www.symev.org - Nombre de participants : 150 SVV - Lieux : hôtels des ventes partout en France
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Marteaux en folie
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Abonnez-vous dès 1 €Si les initiatives des SVV sont plus modestes à Paris qu’en régions, il en est une qui fait des vagues à Drouot : la vente « O/O » de la SVV Ader (concept déposé), une vente sans prix de réserve et sans commission pour les vendeurs qui percevront l’intégralité du prix d’adjudication. Quelques sociétés de ventes de Drouot ont crié au scandale, dénonçant un dumping. « Elles n’ont pas compris qu’il s’agit de ramener à Drouot le moyen de gamme qui nous échappe de plus en plus pour partir en province ou même à Paris, chez Christie’s par exemple, alors que Drouot, avec 5 000 visiteurs par jour, reste le lieu idéal pour écouler ce genre de marchandises, explique David Nordmann, l’un des deux marteaux de la SVV Ader. Ma démarche consiste à organiser une vente courante, classique à la française, non cataloguée, de meubles, objets d’art, tableaux, dessins…, sans prix de réserve. En contrepartie, on ne prélève aucuns frais sur les vendeurs. C’est donnant-donnant. Bien sûr, il y a toujours le risque qu’un objet ne soit pas bien vendu. Mais les acheteurs, sachant qu’il ne s’agit pas d’une vente pipée avec réserves, seront à l’affût. Certains acheteurs feront de véritables affaires et d’autres, par le jeu de la compétition, vont faire monter les enchères. En définitive, le vendeur s’y retrouve largement. » « Vente 0/0 », le 21 novembre à 14 heures, Drouot-Richelieu, SVV Ader, rens. 01 53 40 77 10, exposition les 19 et 20 novembre 11h-18h, www.ader-paris.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°225 du 18 novembre 2005, avec le titre suivant : Marteaux en folie