Le 17 juin, la vente de prestige d’arts décoratifs du XXe siècle de la maison de ventes Camard a totalisé près de 4 millions d’euros à l’hôtel d’Évreux, à Paris. La tendance Art déco moderniste y a triomphé, en particulier Mallet-Stevens, qui a remporté des enchères records.
PARIS - L’esprit UAM (Union des artistes modernes) de Robert Mallet-Stevens a été porté au pinacle le 17 juin à l’hôtel d’Évreux. Les meubles provenant d’une importante villa construite par l’architecte près de Roubaix, la villa Cavrois (1929-1932), ont triomphé bien au-delà des espérances. Énorme atout pour ces pièces : une provenance parfaite, à laquelle s’ajoute le passage par une autre villa construite par Mallet-Stevens pour les frères Martel, rue Mallet-Stevens, près de Roland-Garros, dans le 16e arrondissement de Paris. Cette dernière a été acquise au début des années 1990 par les galeristes allemands Claudia et Karsten Greve. En 1992, le couple a acheté à la galerie Arc en Seine le mobilier proposé à l’hôtel d’Évreux. La coiffeuse du boudoir de madame, rigoureuse composition géométrique de pans de sycomore et de lames de métal poli, a atteint 377 355 euros, trois fois l’estimation. Cette performance est d’autant plus remarquable que ce meuble, passé en vente chez Sotheby’s en avril 1987, était parti à l’époque pour environ 40 000 euros. Deux paires de sièges, une paire de chauffeuses et une paire de fauteuils ont affiché, pour chacun de ces trois ensembles, 58 970 euros, le double de l’estimation. La table de salle à manger, au bois clair zébré de brun, avec piétement à claire-voie ancré sur un socle d’aluminium, accompagnée de ses six chaises, a été adjugée 148 655 euros, 10 000 de plus que l’estimation haute. Emporté par cette vague d’enchères, un portemanteau mural en lame de métal provenant non pas de la villa Cavrois mais de la collection Souillac, est parti à 42 458 euros. Ce modèle se vend habituellement entre 10 000 et 12 000 euros. La cote de Mallet-Stevens est en progression constante depuis 1996, date à laquelle Christie’s a donné le départ de cette folle course en vendant 110 300 dollars le bureau en métal de la villa Noailles à Hyères, glorieusement estimé 9 000 dollars. Malgré ces records, les experts prédisent un maintien des prix, d’autant plus qu’une exposition dédiée à l’œuvre de l’architecte est prévue à Beaubourg pour 2005.
Autre succès du mobilier moderniste lors de cette vente : les 51 893 euros pour un lutrin minimaliste en aluminium, une création d’Eckart Muthesius pour le palais du maharadjah d’Indore. Estimé quatre fois moins, il était disputé par deux grands collectionneurs de mobilier de cette provenance.
Ces prix records ont éclipsé les autres bons résultats de la vente, la principale surprise étant réservée aux créations de la maison Dominique. Le meilleur prix, 106 150 euros, a récompensé une grande commode galbée gainée de galuchat. Les meubles moins onéreux ont dépassé fréquemment leurs estimations, à l’exemple d’une coiffeuse en placage de palissandre au sous-main gainé de galuchat, vendue 18 870 euros contre 9 200 euros d’estimation haute. Pour le mobilier de Ruhlmann, la meilleure enchère de 348 770 euros a fait honneur à deux sobres et élégants chiffonniers en placage de bois de violette. Vendus ensemble, ils étaient estimés entre 100 000 et 200 000 euros chacun. Un secrétaire en acajou plaqué et une coiffeuse en placage de loupe d’amboine, ponctués d’ivoire et signés Ruhlmann, n’ont pas trouvé preneur. Ces pièces, estimées respectivement 120 000 euros et 60 000 euros, auraient déchaîné les passions il y a cinq ans.
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Mallet-Stevens couronné
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°174 du 27 juin 2003, avec le titre suivant : Mallet-Stevens couronné