Révocation

Malaise à Photo Basel

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 22 juin 2016 - 498 mots

Si la deuxième édition a convaincu du potentiel de la foire, le renvoi de sa directrice artistique peu avant l’inauguration met en doute le professionnalisme de ses dirigeants.

BÂLE - La deuxième édition de Photo Basel a montré un tout autre visage : un nouvel emplacement situé à dix minutes à pied d’Art Basel et un parterre de vingt-sept galeries aux propositions pour la plupart de qualité. Le soir du vernissage, il y avait foule dans la belle cour ombragée et les espaces intérieurs du rez-de-chaussée du Volkshaus. Les jours suivants, changement de rythme. La fréquentation a été plus que clairsemée « exceptée dimanche et sur le créneau 19h-21h en semaine, au cours duquel certains visiteurs d’Art Basel ont fait le déplacement », notent les participants. Dorothée Nilsson de Grundemark Nilsson Gallery (Berlin, Stockholm), une des rares enseignes à avoir participé à la première édition, relève toutefois « une proportion de collectionneurs et d’institutions sans comparaison avec celles de l’an dernier ».

Sur le plan des ventes, les résultats comme d’habitude varient d’une enseigne à une autre, entre celles qui ont couvert d’ores et déjà leurs coûts et d’autres reparties en espérant que les contacts pris déboucheront sur des achats. Tous s’accordent cependant à dire que si on ne peut pas parler de frénésie d’achat, « Photo Basel dispose d’un véritable potentiel ».

Impression d’avoir été dupé

Mais une ombre plane sur son devenir. La décision de Sven Eisenhut et Samuel Riggenbach, fondateurs et organisateurs de la foire, trois jours avant l’inauguration, de mettre à pied Béatrice Andrieux, directrice artistique pour l’édition 2016, a jeté un profond malaise. Au-delà de la brutalité de la décision (Sven Eisenhut se justifie en évoquant « des différents de conception sur la foire »), c’est le manque de professionnalisme des dirigeants qui choque les galeries françaises. « Si nous sommes venus c’est par rapport à Béatrice et la confiance que nous lui accordons », rappellent Christophe Gaillard, André Magnin, Alain Gutharc, Jean Noël de Soye (In Caméra), Suzanne Tarasiève ou Roger Szmulewicz de la Gallery Fifty One. « On se sent trahi. On a utilisé nos noms pour donner une crédibilité à une foire qui n’en avait pas et pour des organisateurs qui ont encore beaucoup à apprendre sur la photographie  », disent-ils. Et Suzanne Tarasiève avec Roger Szmulewicz, tous deux membres du comité de sélection, de souligner tout le travail que l’ex-directrice artistique a entrepris pour amener le plus grand nombre de professionnels sur la foire : « Tout le monde a joué le jeu, mais le cœur n’y était plus ». Et ce d’autant plus que les prestations n’étaient pas toutes au niveau : pas de brochures distribuées dans la ville, absence de calicots pour repérer le lieu dans la rue, minceur des cloisons. Des insuffisances bien peu professionnelles quand le prix d’un stand de 12 m2 est de 8 500 CHF (7 596 €), soit un prix du m2 équivalent de celui de Paris Photo ou de Photo London.

Légende photo

Le stand de la School Gallery, Paris, avec les photos de Sacha Goldberger, lors de lé'dition 2016 de la foire Photo Basel. © Photo Basel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°460 du 24 juin 2016, avec le titre suivant : Malaise à Photo Basel

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