Art ancien - Ventes aux enchères

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Lucas Cranach L'Ancien - « La Nymphe de la source »

Vente du 7 novembre à Drouot, Paris, SVV Audap & Mirabaud

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2011 - 557 mots

PARIS

Un important tableau de Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) fait son apparition sur le marché parisien. La Nymphe de la source tire son titre d’une inscription en haut à gauche : Fontis nympha sacri somnum ne rumpe quiesco (N’interrompez pas le sommeil de la nymphe de la source sacrée, je me repose), vers de Giovanni Campani, humaniste actif au Vatican et à Florence autour de 1470.

La signature du peintre allemand de la Renaissance est visible sur le tronc d’arbre à droite, sous la forme d’un serpent aux ailes repliées. Ce qui permet de dater l’œuvre après 1537. C’est l’année où, à la suite de la mort de son fils aîné Hans (âgé de 24 ans), Cranach adopte cette marque en signe de deuil, après avoir repris en signature pendant trente ans le motif central de ses armoiries, soit un serpent couronné aux ailes de chauve-souris déployées portant un rubis dans sa gueule.

Ce nu féminin allongé dans un cadre naturel est un sujet que Cranach a souvent traité au cours de sa carrière de peintre de cour. Au moins onze versions peintes, présentant toutes la nymphe dévêtue étendue dans l’herbe dans une composition à chaque fois différente, ont été recensées et permettent de suivre l’évolution stylistique du maître. « Celle-ci est parmi les plus belles. L’œuvre, qui n’a changé de main qu’une seule fois en un siècle, dans les années 1920, est dans un état de conservation quasi parfait, s’enthousiasme l’expert parisien Éric Turquin. La qualité du tableau ne laisse aucun doute sur son importance ! La ligne souple qui dessine le corps de la nymphe est l’aboutissement d’un long travail de maturation et d’échanges avec la»bella maniera» que n’a pu accomplir Dürer, mort bien avant lui ». Les motifs apparentés à la chasse (les trois cerfs au fond de la composition, le couple de perdrix au premier plan, le carquois, l’arc et les flèches) sont autant de symboles, parfaitement lisibles à l’époque, dont la signification s’est quelque peu perdue aujourd’hui.

Comparable aux « Trois Grâces »
Bien que Cranach ait beaucoup produit, l’artiste reste rare sur le marché, du moins en France. Le 10 juin 2001 à Cheverny (Loir-et-Cher), Vénus et l’Amour voleur de miel, une huile sur panneau de 1532, a été adjugée par le commissaire-priseur vendômois Phillipe Rouillac pour 2,4 millions d’euros, le record de l’année pour un tableau ancien en France. La peinture, qui avait été acquise par le marchand Konrad Berheimer de la galerie londonienne Colnaghi, se trouverait à présent dans les collections de la reine d’Angleterre. Le dernier Cranach qui ait fait parler de lui sur le sol français est le tableau acheté pour 4 millions d’euros par le Musée du Louvre en 2010. Pour financer le million d’euros qui manquait à l’acquisition des Trois Grâces (1931), l’institution avait, avec succès, lancé un appel au don auprès des particuliers et des entreprises. La Nymphe de la source, une œuvre qu’Éric Turquin juge « comparable en qualité au tableau du Louvre », a été estimée 3 à 4 millions d’euros.

Lucas Cranach l’Ancien

Titre : La Nymphe de la source
Signature : signé du serpent couronné aux ailes repliées, sur le tronc d’arbre à droite
Date d’exécution : après 1537
Technique : huile sur panneau doublé parqueté
Dimensions : 57 x 78 cm
Provenance : collection française
Expert : Éric Turquin
Estimation : 3 à 4 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°355 du 21 octobre 2011, avec le titre suivant : Lucas Cranach L'Ancien - « La Nymphe de la source »

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