BARCELONE / ESPAGNE
Si la foire barcelonaise d’art vidéo constitue bien une manifestation marchande, elle se distingue des événements de ce type par son modèle original.
Barcelone. Généralement, la meilleure façon d’apprécier une foire est, outre l’impératif de « qualité » pour les œuvres, mantra de toute manifestation artistique, le volume des ventes. Loop se distingue fortement en cela des autres événements qui rythment le marché de l’art. Sur un format resserré de trois jours, du 20 au 22 novembre cette année, la foire d’art vidéo s’articule avec un festival – manifestation non marchande, donc – consacré simultanément à la même discipline, pour créer et entretenir un écosystème autour du médium. En ce domaine, Loop, qui ne possède aucune rivale sérieuse, a su acquérir sa légitimité grâce à un modèle original : la manifestation se tenant dans un hôtel, chaque galerie (42 en 2018) présente une seule œuvre dans la chambre qui fait office de stand.
Par ailleurs, là où les foires généralistes confient la sélection des participants à un groupe de galeristes, c’est, à Loop, un noyau dur de collectionneurs qui choisit les participants. Avec exigence, mais bienveillance également. Ainsi cette galeriste explique-t-elle : « Une année, j’avais présenté une œuvre qui ne convenait pas au comité ; celui-ci m’a demandé de changer ma proposition, sans m’exclure de la foire. C’était appréciable. On se sait soutenu. »
Le prix des œuvres est raisonnable : de 1 800 à 50 000 euros cette année, et un prix médian de 13 200 euros. Les stands (chambres) coûtant entre 4 900 et 5 800 euros selon leur taille (et constituant l’hébergement de la plupart des participants pendant la nuit…), il n’est pas difficile de « rentrer dans ses frais ». Comme le souligne l’une des participantes les plus fidèles de la manifestation, Barbara Polla, de la galerie genevoise Analix Forever : « Ce qui compte, c’est aussi d’être là. Même si on ne vend pas pendant les jours de la foire, les contacts sont essentiels. On sait que l’on va toucher des collectionneurs très pointus et on peut vendre après. Faire une vente à Loop, ce n’est pas essentiel, même si ce n’est pas dur. Et puis, avoir montré une œuvre à Loop, où la sélection est effectuée par un comité reconnu, cela constitue un label pour vendre par la suite. »
Cette année encore, la foire s’est distinguée par sa qualité (à l’exception de l’œuvre, trop racoleuse, de Núria Güell, qui a parfois été mieux inspirée [galerie ADN, Barcelone]) et affiche tout ce que la vidéo offre comme possibilités de création. Outre des artistes à suivre tels Sarah Choo Jing, Désiree Dolron, Hayoun Kwon, Rä di Martino, Aslan Gaisumov, Shahar Marcus, Samuel Austin ou Yoi Kawakubo, Loop accueille deux noms très connus : Hans Op de Beeck présente une œuvre à la fois poétique et lugubre chez Ron Mandos (Amsterdam), et Mounir Fatmi déploie une danse macabre en noir et rouge sang inspirée de Goya [voir ill.] chez Analix Forever.
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Loop : une foire à part
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°513 du 14 décembre 2018, avec le titre suivant : Loop : une foire à part