Les premières ventes « physiques » post-confinement qui se sont tenues dans la capitale en mai et juin sont encourageantes.
Paris. Contraintes de reporter leurs vacations en raison du Covid-19, les maisons de ventes ont peu à peu repris la tenue des enchères physiques.« L’atmosphère dans la salle est assez surréaliste avec le public et tous les collaborateurs masqués au téléphone », s’amuse Mario Tavella, P.-D.G. de Sotheby’s France. « Pour ces premières ventes, il y avait en moyenne vingt-cinq personnes dans la salle, mais en respectant la distanciation physique, elle était pleine ! »
Les premières ventes physiques organisées depuis la fin du confinement sont très encourageantes. Chez Christie’s, les deux temps forts – la « classic week », organisée fin mai, et celui, au cours de la première semaine de juin, consacré aux œuvres modernes – ont dépassé l’estimation, avec un total de 23,3 millions d’euros. La toile À ThuinouLa Partie de tennis [voir ill.], de Théo Van Rysselberghe a même été adjugée 5,1 millions d’euros, troisième prix record pour l’artiste. « Les gens étaient très heureux d’avoir à nouveau un contact physique avec l’art après avoir passé trois mois à regarder des images sur Internet », commente Cécile Verdier, présidente de Christie’s France. Et, si les acheteurs sont au rendez-vous, les vendeurs se sont montrés moins réticents qu’on aurait pu le craindre. « Tout notre travail a consisté à les rassurer sur le fait que, durant ces trois mois, nous étions en connexion avec nos acheteurs et que leur appétit pour les œuvres d’art de qualité était réel et perdurait », explique la présidente.
Chez Sotheby’s, les débuts sont également prometteurs. Les cinq premières ventes ont rapporté 21,6 millions d’euros, un total dans la fourchette haute de l’estimation. « Les prix ont été tout à fait réels, correspondant à la qualité des pièces. Par exemple, l’adjudication du Klee, Abend In N, 1937, à 4,1 millions d’euros, est le prix qu’il aurait fait il y a un an », constate Mario Tavella. Covid-19 ou pas, les amateurs ont saisi les opportunités, comme cette commode de la collection Crozat par Boulle, d’époque Louis XIV, ou la paire de jardinières livrée pour le roi d’Espagne Charles IV en 1802, adjugées 792 500 euros chacune. Fait notable, le pourcentage de lots invendus reste inchangé. « En temps normal, nous sommes à une moyenne de 20-25 % de taux d’invendus et, depuis la levée du confinement, nous sommes dans cette même fourchette », a noté le P.-D.G. de Sotheby’s France.
Artcurial aussi a bien relancé la machine. « La vente de design du 19 mai (1 M€) et celle de tableaux anciens du 16 juin (6,3 M€ contre 4 M€ d’estimation) ont extraordinairement bien marché, relate Stéphane Aubert, directeur associé. Les gens ont une soif d’achat, ils ont envie de se faire plaisir. Je suis optimiste pour les ventes qui s’annoncent chez nous. Nous mesurons déjà l’engouement, ne serait-ce qu’au nombre de rapports de conditions, un bon moyen de jauger l’intérêt des acheteurs. »
Même son de cloche à Drouot. « Les ventes se sont incroyablement bien passées, de façon très enthousiasmante. Des résultats vraiment bons, même mieux qu’avant le confinement », relève Alexandre Giquello, président. Le 9 juin, chez Beaussant-Lefèvre, la Tireuse d’épine, un bronze du XVIe de Ponce Jacquiot, a été adjugé 1,4 million d’euros – préempté par le Louvre. Le 16 juin, chez Daguerre, un tableau inédit de José de Ribera, Un philosophe : l’heureux géomètre, a été acquis 1,8 million par une galerie suédoise. Le même jour, Ader a cédé un vase impérial chinois, époque Qianlong, pour 2,4 millions, sans oublier Aristophil, qui a totalisé 5 millions en quatre vacations.
« Les prix sont plus élevés qu’avant le confinement : 10 % voire 20 à 30 % de plus pour certains lots, car pendant qu’ils étaient confinés les gens ont eu le temps d’explorer les outils en ligne mis à leur disposition, qu’ils utilisaient peu avant. Aujourd’hui, lors des ventes, il y a beaucoup plus d’inscrits sur le “live”, donc beaucoup plus d’interlocuteurs, ce qui fatalement augmente les prix », explique Alexandre Giquello. « Avec la réouverture des salles, les vrais collectionneurs – extrêmement frustrés pendant le confinement – se sont jetés sur les objets car ils n’ont pas eu leur dose et ont beaucoup épargné pendant ce laps de temps », ajoute-t-il.
La session des ventes va se poursuivre jusqu’en juillet. Mais aucun des opérateurs concernés ne craint d’engorgement. Le deuxième semestre,lui, risque d’être costaud.
Les estimations sont indiquées hors frais et les adjudications frais compris.
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Les ventes repartent en fanfare à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°549 du 3 juillet 2020, avec le titre suivant : Les ventes repartent en fanfare à Paris