La galerie Schmit consacre actuellement une exposition à André Derain. Quelque cent quatre-vingt dessins, une quinzaine de sculptures et vingt-cinq tableaux y sont réunis, donnant à voir une véritable rétrospective de l’œuvre de l’artiste.
PARIS - C’est un lien durable qui unit la galerie Schmit, à Paris, à l’œuvre d’André Derain (1880-1954). Déjà, en 1976, une exposition monographique avait rassemblé sur les cimaises de la rue Saint-Honoré plus de soixante-dix tableaux, rendant un hommage vibrant à un artiste que les musées boudaient encore. Derain a, depuis, été largement célébré par les institutions, son nom est connu d’un vaste public, et cette meilleure appréciation doit probablement beaucoup au travail de la galerie Schmit, qui a édité le catalogue raisonné en trois tomes de son œuvre peint.
À l’origine de cette exposition se trouve une importante collection de dessins, complétée par des œuvres en provenance du stock des marchands et de collections particulières. Près de deux cent vingt pièces ont ainsi été associées, rendant possible une présentation quasi rétrospective du travail de l’artiste entre 1922 et 1954.
C’est au thème du nu féminin que la grande majorité des dessins est consacrée. Réalisés à la plume, au crayon, au fusain ou à la sanguine, ils témoignent du trait gracieux de l’artiste, qui laisse transparaître une véritable intimité dans un exercice pour le moins académique. Trois toiles célèbrent également le corps de la femme, le superbe Buste de femme assise aux seins nus (1924), un très lumineux Nu allongé (1934-1939) et l’étonnant Nu debout (1940), dont les courbes sont soulignées d’un cerne noir. Les portraits composent l’autre part importante de l’exposition. Plusieurs dessins représentent des visages de femmes, pour la plupart anonymes, ainsi que Boby, le fils de l’artiste. Derain a beaucoup dessiné le visage poupin de Boby, s’intéressant principalement à sa tête, inscrite seule sur la feuille comme s’il s’agissait d’un putto.
Les tableaux Boby au béret, Boby assis et Boby à la lavallière, peints entre 1944 et 1952, le montrent dans un contexte plus précis. Plusieurs beaux portraits de femmes comme celui de Rita van Leer (1930) ou d’Edmonde Charles-Roux au collier de perles (1950-1952) sont présentés, accompagnés de quelques figures masculines ainsi des autoportraits de l’artiste, un Portrait du peintre André Dignimont (1932), et un grand Portrait de l’acteur Jean-Louis Barrault (1938). Enfin le genre du paysage est également illustré. De grands tableaux comme Sous-bois des Lecques (1922), Paysage aux deux personnages (1938) et Les Nymphes au bain (1950-1952) permettent d’apprécier la vision très décorative et très soignée de la nature que cultive Derain. Une quinzaine de sculptures en bronze et des terres cuites complètent l’exposition. Représentant des visages d’hommes et de femmes très stylisés, ces pièces accusent l’apport stylistique des civilisations antiques du bassin méditerranéen qui passionnaient tant Derain.
La plupart des œuvres de l’exposition sont proposées à la vente. Les prix des tableaux se situent entre 40 000 et 800 000 euros, ceux des dessins entre 2 000 et 20 000 euros ; enfin les bronzes valent de 10 000 à 18 000 euros.
Jusqu’au 9 juillet, galerie Schmit, 396 rue Saint-Honoré, 75001 Paris, tél. 01 42 60 36 36, du lundi au samedi 10h-12h30, 14h-18h30. Catalogue édité par la galerie Schmit, 30 euros.
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Les multiples facettes de Derain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°174 du 27 juin 2003, avec le titre suivant : Les multiples facettes de Derain