Elle a défrayé la chronique et ses éclats ont fait le tour du monde ; son mari et ses admirateurs comptaient parmi les stars du Gotha ; sa voix exceptionnelle l’avait classée prima donna assoluta : c’était « La Callas », disparue prématurément en 1977. À Drouot-Montaigne, à partir du 2 décembre, jour anniversaire où elle aurait eu 77 ans, une vente exceptionnelle de 417 lots en deux vacations dispersera ses objets personnels et ses archives.
Si sa vie ne fut pas toujours rose, sa succession se transforma en un véritable cauchemar, auréolé de mystère, car Maria Callas n’avait pas eu le temps de dicter ses dernières volontés, bien qu’elle en parlait autour d’elle. En 1954, elle avait fait un testament en faveur de Battista Meneghini, le mari qu’elle abandonna cinq ans plus tard. Celui-ci se retrouva donc héritier, par moitié avec la mère de Maria, Evangelia Kalogeropoulos, avec qui elle était fâchée depuis 1950. Un oiseau de mauvais augure survint alors, en la personne de la pianiste Vasso Devetzi, qui, depuis quelques années, jouait auprès de Maria le rôle d’amie sincère et de confidente.
Vasso prit en main les rênes de la succession, arguant qu’elle allait monter une fondation Callas, qui ne verra jamais le jour (Meneghini et le maire d’Athènes y avaient pensé avant elle, sans concrétiser ce projet). En 1981, Menegheni disparaît, après avoir légué son immense fortune à sa dame de compagnie. Dans sa maison de campagne de Sirmione, où Maria comptait finir ses jours, il avait pieusement conservé les documents et les objets personnels de sa femme, partagés par moitié avec Evangelia et Jackie, sœur aînée de la diva, après la vente de l’appartement du 36, avenue Georges Mandel. La dame de compagnie transforme alors la jolie maison en studios à louer et entasse dans un garage les effets personnels de Maria, ses albums de photos, vêtements, souvenirs et mobilier, qu’elle juge encombrants et sans intérêt. Jusqu’au jour où le décorateur italien Ilario Tamassia, déjà collectionneur d’objets ayant appartenu à Callas, a l’occasion de les racheter et, ainsi, de les sauver.
De son côté, en 1989, Nicolas Petsalis-Diomidis, qui collecte des documents en vue d’une biographie de Maria, a la chance de pouvoir racheter à Jackie ce qui lui avait été légué à la mort de sa sœur. Et puisque le musée idéal à la mémoire de la cantatrice semble impossible à édifier, ces deux passionnés ont réuni, pour une même vente, les effets personnels les plus divers qu’ils ont réussi à sauvegarder, afin que tout mélomane puisse acquérir un souvenir de la diva. On y trouve d’émouvants objets, souvenirs de scène ou de sa vie privée, que ce soit des correspondances d’admirateurs et d’amis, des vêtements, perruques, bijoux, albums de photographies, et des objets d’art les plus divers ayant décoré ses différentes habitations : l’album des photographies de la Callas sur scène, datant de 1952 à 1954 dont certaines sont annotées par elle (est. de 15 000 à 20 000 F), deux portraits sur papier réalisés par son ami Pier Paolo Pasolini (est. de 100 000 à 150 000 F chacun), des lettres manuscrites (est. de 15 000 à 20 000 F), jusqu’à une paire de consoles vénitiennes du XVIIIe en bois sculpté et redoré (est. de 350 000 à 400 000 F). En vedette, ce qui était le plus précieux aux yeux de Maria : le porte-bonheur qui ne la quittait jamais et sans lequel elle ne chantait pas s’il n’était exposé dans sa loge : une Sainte Famille, attribuée à Cignaroli, offert par Meneghini le 1er août 1947, deux jours avant ses débuts aux arènes de Vérone dans La Gioconda.
PARIS, Drouot-Montaigne, 15, av. Montaigne, 75008, 2 et 3 décembre, tél. 01 47 70 38 89.
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Les archives de La Callas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Les archives de la Callas