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SURRÉALISME

Le surréalisme dans les galeries parisiennes

Par Amélie Adamo · Le Journal des Arts

Le 15 octobre 2024 - 618 mots

PARIS

À travers une cinquantaine d’expositions, le parcours Paris Surréaliste célèbre le centenaire du mouvement historique.

Óscar Dominguez (1906-1957), Le Taureau. Tauromachie, 1943, huile sur toile, 73 x 60 cm, visible dans l'exposition Surréel - Trois petites histoires surréalistes à la Galerie Le Minotaure. © Galerie Le Minotaure © Adagp Paris 2024
Óscar Dominguez (1906-1957), Le Taureau. Tauromachie, 1943, huile sur toile, 73 x 60 cm, visible dans l'exposition « Surréel - Trois petites histoires surréalistes » à la Galerie Le Minotaure.
© Galerie Le Minotaure
© Adagp Paris 2024

Paris. 38 galeries se sont associées en écho à l’exposition sur le surréalisme au Centre Pompidou. Heureuse initiative qui permet d’offrir une vision plurielle de ce mouvement majeur initié en 1924 par le Manifeste du Surréalisme d’André Breton. Il y a ici bien sûr en premier lieu le désir manifeste de refaire découvrir l’œuvre des représentants majeurs du mouvement historique tels Hans Bellmer, Man Ray, Salvador Dalí, André Masson, Max Ernst, Joan Miró, Alberto Giacometti ou Francis Picabia. Bien que toutes les œuvres exposées ne soient pas de même qualité, certaines demeurant secondaires ou de peu d’intérêt formel, un nombre conséquent de pièces rares, singulières, atypiques, sont toutefois à découvrir. Le galeriste Jacques Bailly fait honneur à André Masson, dont l’œuvre colorée et fourmillante préfigure l’expressionnisme abstrait américain. Couvrant la majeure partie de l’œuvre de l’artiste, des années 1920 aux années 1970, y sont exposés des dessins uniques et des peintures majeures, comme Le Cavalier, Unité du Cosmos ou Germination.

Autre petite pépite : l’édition Histoire naturelle de Max Ernest, publiée en 1926 par Jeanne Bucher, présentée dans la galerie parisienne. Elle se compose d’une trentaine de planches : frottages et grattages réalisés à la mine de plomb, reproduits en phototypie, signés par l’artiste. Bien que toutes les planches n’aient pas la même force, cet ensemble est essentiel, car c’est le premier ouvrage où l’artiste expérimente la technique du frottage découverte en 1925 et grâce à laquelle il fera naître un univers onirique singulier. Chez Hélène Bailly encore, où Max Ernst est aussi présenté aux côtés de Salvador Dalí, Victor Brauner, Francis Picabia ou Joan Miró, le choix se tourne vers des pièces insolites dans leurs supports ou techniques : dessins réalisés au Bic sur des papiers journaux par Alberto Giacometti ; visage sculpté en plâtre sur panneau de bois par Victor Brauner ; peaux de chèvre ou figure en bronze réalisées par Miró ; célèbre toile de Picabia, Harmas, qui illustre sa technique des transparences.

Redécouverte de figures atypiques ou méconnues

Certaines expositions du parcours ont préféré mettre l’accent sur la redécouverte d’artistes moins connus ou un peu oubliés dans l’Histoire du Surréalisme. Ainsi de l’hommage à Georges Goldfayn à la galerie Berthet-Aittouarès qui présente la collection de cet ami et assistant d’André Breton ; du cabinet surréaliste et des boîtes-objets d’Alan Glass chez Claude Bernard, artiste trop peu connu dont l’œuvre n’avait pas été vue à Paris depuis 2001 ; ou encore la galerie Pixi Marie-Victoire Poliakoff qui expose le carnet de dessin Dirty Rainbow Rimbaud réalisé par Ted Joans, artiste, poète et musicien de jazz qu’André Breton appelait « le seul surréaliste afro-américain ». Autres redécouvertes essentielles, l’éclairage fait par certaines galeries sur la place des artistes femmes gravitant autour du surréalisme. Entre autres : la galerie Pauline Pavec et la galerie Boquet qui présentent des pièces rares et inédites de Dora Maar et de Jacqueline Lamba dont l’amitié traverse le XXe siècle, des années 1930 aux années 1970 ; la galerie Minsky qui présente la peinture si singulière de Leonor Fini dont l’étrangeté hybride a influencé un certain nombre d’artistes femmes contemporaines. De cette résonance du surréalisme dans la création actuelle, nous manquons aujourd’hui d’une mise en perspective sérieuse. Dans le parcours, seulement quelques galeries, comme Anne-Sarah Bénichou ou la galerie Loevenbruck, ont tenté cette confrontation entre figures historiques du mouvement et artistes contemporains. Cela semble essentiel pour comprendre la vie du mouvement aujourd’hui et les résonances qu’il a dans notre perception de l’art et du monde actuel. Dommage que ces rares initiatives n’aient pas été suivies et approfondies, tant par les galeries du parcours que par l’exposition du Centre Pompidou.

Surréel. Trois petites histoires surréalistes,
jusqu’au 30 novembre, Galerie Le Minotaure, 2 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris.
André Masson,
jusqu’au 19 octobre, galerie Jacques Bailly, 95, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris.
Histoire Naturelle, Max Ernst,
du jusqu’au 18 janvier 2025, galerie Jeanne Bucher Jaeger, 5, rue de Saintonge, 75003 Paris.
Le surréalisme – supports insolites,
jusqu’au 10 octobre, galerie Hélène Bailly, 71, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris.
Georges Goldfayn une passion surréaliste,
jusqu’au 16 novembre, la galerie Berthet-Aittouarès, 14-29, rue de Seine, 75006 Paris.
Le cabinet surréaliste, Alan Glass,
jusqu’au 12 octobre, galerie Claude Bernard, 7-9, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris.
Ted Joans,
jusqu’au 9 octobre, galerie Pixi Marie-Victoire Poliakoff, 95, rue de Seine, 75006 Paris.
Jacqueline Lamba/Dora Maar, celles qui avancent,
jusqu’au 16 novembre, galerie Pauline Pavec, 4, rue de Jarente 75004, galerie Boquet, 20 rue Visconti, 75006 Paris.
Leonor Fini,
jusqu’au 2 novembre, galerie Minsky, 37, rue Vaneau, 75007 Paris.
Hasards Exquis,
jusqu’au 24 septembre, galerie Anne-Sarah Bénichou, 45, rue Chapon, 75003 Paris.
L’objet surréaliste,
jusqu’au 26 octobre, galerie Loevenbruck, 6, rue Jacques Callot, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Le surréalisme dans les galeries parisiennes

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