PARIS
Depuis sa création en 2007, le salon a su développer l’intérêt du public pour le dessin contemporain. À l’occasion de ses 10 ans, il multiplie les événements, parmi lesquels « Master Now ».
Bien installé dans le calendrier du marché de l’art, Drawing Now est l’un des événements phares du printemps, au sein d’une « semaine du dessin » en plein développement. Le Salon du dessin contemporain réunit cette année 73 galeries, dont 41 % d’exposants internationaux, et attend plus de 20 000 visiteurs. En une petite dizaine d’années, il a fait son chemin. En 2007, il rassemblait 36 galeries avenue d’Iéna pour une première édition, attirant près de 10 000 visiteurs. « À nos débuts, le fait de présenter un événement qui changeait de lieu chaque année a participé à l’engouement du public, amateur de nouveautés, indique Carine Tissot, codirectrice de l’événement. Notre installation au Carrousel du Louvre en 2010 a permis de nous institutionnaliser. Deux ans plus tard, la création d’un parcours en lien avec des institutions nous a également fait franchir un cap. Aujourd’hui, elles ont pris l’habitude d’anticiper en proposant des expositions à ce moment. » La foire a aussi contribué à faire de Paris une véritable place de marché pour le dessin contemporain au cours de la dernière semaine de mars. « Au début, il y avait une certaine frilosité, nous vendions des pièces peu chères, précise Éléonore Chatin, de la galerie Catherine Putman. Aujourd’hui, cela reste un salon de niche, mais qui a pris une belle ampleur. Les visiteurs ont changé, on n’y voit pas forcément les plus gros collectionneurs, mais ils viennent de l’Europe entière. » À cet égard, le changement de calendrier de Christie’s, qui a choisi en 2013 cette semaine-là comme temps fort pour la programmation de ses différentes ventes de dessins (avec 24 millions de chiffre d’affaires l’an dernier), n’est pas anodin. La maison de ventes a d’ailleurs renforcé cette année son partenariat avec la foire et accueille l’exposition de son lauréat 2015, Abdelkader Benchamma.
Drawing Now a su anticiper et favoriser l’attrait pour le dessin contemporain, passé du statut d’œuvre préparatoire ou secondaire – peu montrée dans les grandes foires car peu à même de rentabiliser un stand – à celui d’œuvre à part entière, captant l’intérêt des collectionneurs. « Quand le salon a été créé, le marché était très haut, ce qui générait une frustration pour un certain nombre de collectionneurs. Le dessin était alors un achat de repli, mais très vite, grâce à la sélection du salon, le dessin a pris une place à part entière, note Laurence Dreyfus, conseillère en art. Les galeries ont fait l’effort de montrer des artistes dont le dessin est le médium principal, et pas seulement une sous-activité. Toute une nouvelle génération, qui recommence à dessiner, est mise en avant. » Ont également participé au succès de la foire son ambiance et son côté intimiste, comme sa faculté à « favoriser les découvertes », ajoute Éléonore Chatin. Le fait de montrer le dessin contemporain dans toute sa diversité a aussi été l’un des ingrédients du succès, avec un système de focus réservant 30 % de l’espace des stands à un artiste.
Les « Master Now » des 10 ans
Se côtoient dans cette édition : l’art brut avec les œuvres mystiques à l’encre de Chine d’Éric Benetto, réalisées sur des images d’IRM (Christian Berst) ; les dessins abstraits du peintre constructiviste Hans Jörg Glattfelder à la galerie Wenger (Zurich) ; l’œuvre conceptuelle de Jérémie Bennequin à la galerie C (Neuchâtel), ou l’exploration des frontières entre BD et art contemporain par Jochen Gerner (Anne Barrault, Paris). Parmi les figures historiques, Claude Viallat et ses encres sur papier des années 1970 sont présentés chez Bernard Ceysson, les collages phosphorescents de John M. Armleder des années 1980 sont à voir chez Catherine Issert (Saint-Paul de Vence), tandis qu’une sélection de dessins de Geneviève Asse des années 1940 à 2012, à la plume, au crayon gris ou de couleur, sont accrochés chez Catherine Putman.
Du côté des plus jeunes artistes, Backslash offre ses cimaises à Sépànd Danesh, qui déroule à l’infini ses séries de mini-dessins dans son Encyclopédie de l’Imagination ; Mélanie Rio accroche les dessins de Thomas Tudoux, qui décrypte avec humour l’hyperactivité de notre société, et Marine Veilleux expose les travaux de Sylvain Bourget, entre poésie et subversion.
Pour marquer les 10 ans du salon, dix galeries présentent des feuilles d’une importance particulière, estampillées « Master Now » : ainsi des œuvres de Markus Lüpertz chez Suzanne Tarasiève ou de Richard Jackson chez Georges-Philippe & Nathalie Vallois. Par ailleurs, un symposium international promet un état des lieux du dessin contemporain. Enfin, la foire étend son parcours au sein d’institutions partenaires, avec notamment la présentation au sein des collections du Musée des arts décoratifs d’une quarantaine de dessins sélectionnés dans les catalogues des galeries de Drawing Now, réunissant William S. Burroughs (Semiose), Clément Bagot (Éric Dupont) ou Stéfane Perraud (Galerie de Roussan).
Direction : Christine Phal et Carine Tissot
Direction artistique : Philippe Piguet
Nombre d’exposants : 73
Nombre de visiteurs en 2015 : 20 000
Parmi la moisson de foires attendue ce printemps, ceux qui font leurs premiers pas de collectionneur ou souhaitent découvrir la scène émergente pourront se rendre à l’Atelier Richelieu. C’est sous sa verrière qu’est amarré, depuis ses débuts voilà trois ans, le salon DDessin. Consacré au dessin contemporain, l’événement mise sur un lieu intimiste et convivial : une petite vingtaine de galeries, dont seulement deux étrangères, sont réunies. Le visiteur pourra s’attarder devant les œuvres de la jeune Susan Janow, présentée par la galerie du Creative Growth Art Center (Oakland, Californie), spécialisée dans l’outsider art ; la série d’Alain Josseau proposée par le collectif Zamaken, ou les dessins à la poussière et peinture de Lionel Sabatté, sur le stand de l’espace CO2 (Paris). Cinq solo shows sont organisés, parmi lesquels celui du Franco-Tunisien Haythem Zakaria ou de la Franco-Cubaine Cristina Escobar. Les dessins au crayon à papier de cette dernière dénoncent le sort réservé aux migrants à travers des images d’embarcations à la dérive ou la condition des femmes dans le monde par le biais d’objets de l’univers domestique transformés en une série de casques guerriers. Une programmation est également spécialement destinée au jeune public, tandis qu’un prix sera remis, en collaboration avec l’Institut français de Tanger. Malgré une qualité de stand inégale, des découvertes sont possibles.
DDessin (16), du 1er au 3 avril, Atelier Richelieu, 60, rue de Richelieu, 75002 Paris, 11h-19h les vendredi et dimanche, jusqu’à 21 h le samedi, www.ddessinparis.com
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Le Salon du dessin contemporain se « mastérise »
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Abonnez-vous dès 1 €Du mercredi 30 mars au dimanche 3 avril 2016, Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris, tlj 11h-20h, mercredi 13h-18h, www.drawingnowparis.com, entrée 16 €.
Légende photo Les articles du dossier : Salons du Printemps Paris 2016
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Le Salon du dessin contemporain se « mastérise »