Si le segment des collectibles continue à progresser, celui du crypto art a chuté de 48 % par rapport à 2021. Tout en restant à un niveau assez haut.
Monde. Ce fut le phénomène majeur de 2021 dans le marché de l’art : l’irruption des NFT (pour non fungible token, « jeton non fongible), un titre de propriété numérique. La vente pour 69 millions de dollars (*) d’une œuvre d’art numérique (Everyday) par un auteur quasi inconnu, œuvre associée à un NFT, a redonné vie au crypto art, qui jusque-là végétait. Le marché explose et atteint des montants vertigineux, 2,9 milliards de dollars au total, soit plus que tout le marché de l’art en France. Depuis, le soufflé est retombé à 1,5 milliard de dollars. Alors qu’en septembre 2021 il y a eu près de 205 000 transactions sur la blockchain Ethereum, le volume a été divisé par sept en décembre 2022. Dans le même temps, Ethereum s’est effondrée, ajoutant à la dégringolade en valeur.
Pour autant, il ne faut pas enterrer trop vite l’art NFT. 1,5 milliard de dollars, cela reste un montant considérable. Surtout que le marché des NFT de collectibles, tels les fameuses vignettes de singes et autres CryptoPunks, a, lui, dans le même temps, continué à progresser de plus de 14 %, pour s’installer à des niveaux encore plus stratosphériques (11,8 milliards de dollars). Les acheteurs de NFT (en général) ont même été plus nombreux en 2022, attirés par le caractère spéculatif de ce marché.
Car il s’agit bien d’un marché hautement spéculatif, qui s’apparente à bien des égards aux marchés boursiers. Les NFT s’achètent et se vendent sur les plateformes en ligne en quelques clics, et la durée moyenne de conservation d’une œuvre ou d’une vignette ou figurine est de trente-trois jours. Trente-trois jours ! Cela montre que les acheteurs ne sont pas vraiment des collectionneurs mais plutôt des spéculateurs. À dire vrai, la comparaison avec les collectionneurs d’œuvres physiques est peu pertinente, dès lors qu’un propriétaire de NFT ne possède qu’un certificat d’authenticité d’un fichier numérique. Les œuvres, elles, sont duplicables à l’infini et tout un chacun peut en jouir au même titre que le propriétaire du NFT associé.
L’autre caractéristique de ce segment est qu’il se passe d’intermédiaire, ce qui en fait un marché à part, au point qu’il n’est pas comptabilisé dans le marché de l’art traditionnel au sein du rapport Art Basel/UBS. Les amateurs peuvent acheter directement les NFT sur les plateformes auprès des artistes ou auprès d’autres possesseurs en second marché. Ce marché va-t-il prospérer, s’effondrer ou lentement s’étioler ? Personne ne se risque pour l’instant à un pronostic.
(*) Contrairement à ce que nous avions écrit dans le JdA n°609, le NFT de Beeple Everydays: The First 5000 Days s'est vendue plus de 69 M$ et non 61 M$.
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Le marché de l’art NFT bat de l’aile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°609 du 14 avril 2023, avec le titre suivant : Le marché de l’art NFT bat de l’aile