Les 20 ans du Carré Rive Gauche ont renoué avec l’atmosphère de fête qui y régnait naguère, lors de la soirée inaugurale sur le thème de Venise, le 27 mai dernier. Sous l’égide d’Hippolyte Romain, maître des cérémonies, antiquaires et visiteurs ont célébré à cette occasion leur amour de l’objet d’exception.
PARIS - "C’est le meilleur Carré depuis cinq ans", ont déclaré la plupart des participants, "enchantés par l’ambiance chaleureuse" et la bonne humeur qui ont marqué la soirée vénitienne du 27 mai. "Chapeaux, masques ou costumes vénitiens" étaient souhaités pour fêter les 20 ans du Carré Rive Gauche. Ce soir-là, les regards sont attirés par de très beaux costumes du XVIIIe siècle ou d’esprit carnavalesque chez les antiquaires, mais guère chez les visiteurs. Les costumes créatifs des étudiants de l’Esmod sur le thème de la commedia dell’arte sont également très remarqués. Coiffé d’un tricorne, Hippolyte Romain sillonne le Carré d’un pas hâtif : le maître des cérémonies ne se met pas sur le devant de la scène. Le champagne Pommery est de la fête, avec la cuvée "Apanage de Venise", et des chocolats de grande tradition de la maison Debauve & Gallais sont présentés chez les antiquaires dans des drageoirs, à côté du petit livre-souvenir illustré par Hippolyte Romain que chacun peut emporter. Jasmins encore verts, petits buis et bouquets apportent une note bucolique discrète. De l’avis général, la présence de nouveaux participants au Carré a régénéré la clientèle, souvent plus jeune, lui apportant un "sang neuf". De nombreuses ventes ont été signalées, notamment chez Guérin-Rapin, Armengaud ou Peyre-Sieberth, lequel a eu des clients américains et français. La majorité des achats ont été effectués par des collectionneurs privés : chez Dervieux, une Vue de Twickenham par Compigné, tabletier du Roy sous Louis XVI, ou chez Masson, un fauteuil d’apparat en bois doré à têtes de lion, époque Consulat. La galerie Blondeel-Deroyan a vendu une broderie au point intitulée La Pêche au filet, et Andrieux a cédé sept plats en argent marqués aux armes de France, 1746-1747, à un collectionneur privé français, ainsi qu’une paire de flambeaux de Louis II Samson , Toulouse, 1761.
À la galerie Lacoste, spécialisée dans l’Art déco, plusieurs transactions sont en cours avec des collectionneurs et des institutionnels. Sylvain Lévy-Alban a reçu une option sur une tenture de 1720 au point de Saint-Cyr, d’après des cartons de Bérain, et a vendu des objets "insolites ou de charme" à ses clients habituels. Chez Captier-Barnes, la beauté et la fonctionnalité des meubles américains se démarquent du reste, et un bureau à système de classement méthodique a séduit un visiteur, tandis que chez Luc Bouveret, un bureau de pente en ivoire séduisait un collectionneur Hervé Lorgeré, qui participe pour la première fois au Carré, a reçu un excellent accueil, et le mélange éclectique de meubles et objets des XVIIIe et XIXe siècles et des années quarante a été très apprécié. Beaucoup de pièces ont été acquises par des professionnels. Destinée à chasser les mauvais esprits, une extraordinaire paire de pierres de sorcière du début XIXe siècle a vite trouvé preneur, ainsi qu’un guéridon en parchemin, vers 1940, attribué à René Prou.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Carré tourne rond
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : Le Carré tourne rond