Le galeriste américain a ouvert un nouvel espace à Londres. Avec cette immense
galerie, il espère attirer de nouveaux artistes britanniques à succès.
LONDRES - Le marchand d’art new-yorkais Larry Gagosian vient d’inaugurer un second espace à Londres. Cette immense galerie de 3 800 m2 sur Britannia Street, à deux pas de la gare King Cross, a été inaugurée le 26 mai avec Cy Twombly, présentant une dizaine de nouveaux tableaux et une sculpture.
Désormais propriétaire de deux galeries à New York, d’une à Beverly Hills et de deux à Londres, Larry Gagosian est à la tête d’un empire qui ressemble plus à un réseau de musées internationaux qu’à une affaire appartenant à un marchand privé. L’ampleur du nouvel espace de Britannia Street, un ancien garage reconverti par l’agence d’architecture Caruso St John, lui permet d’exposer des œuvres monumentales d’artistes tel Richard Serra, dont les impressionnantes sculptures en acier sont si difficiles et si onéreuses à transporter que ce dernier n’a jamais bénéficié d’une exposition personnelle à Londres.
Larry Gagosian s’est armé d’une équipe formée de Robin Vousden, pilier de la galerie londonienne Anthony D’Offay pendant dix-huit ans, de Stefan Ratibor, anciennement à la tête de Christie’s Allemagne, ainsi que de Mollie Dent-Brocklehurst, venant de Gagosian New York. Le poste de directeur est confié à Mark Francis, un autre transfuge de D’Offay. Tous sont chargés de trouver de nouveaux collectionneurs européens pour les artistes américains représentés par la galerie, mais aussi de développer une clientèle américaine pour l’art britannique. À quels artistes Gagosian fera-t-il la cour ? La question passionne Londres.
« critères Gagosian »
Contrairement à la plupart des marchands d’art contemporain qui lancent de jeunes talents pour en tirer les bénéfices une fois leurs réputations établies, Larry Gagosian est intéressé uniquement par les artistes déjà reconnus sur la scène internationale, « des mines d’or assurées », pour reprendre l’expression d’un galeriste.
Mais le courant ne passe pas toujours très bien entre la Gagosian Gallery et les artistes qui bénéficient déjà d’un beau succès critique, ainsi Susan Hiller, basée à Londres et à Berlin, travail réputé sans pour autant être commercial. L’artiste, dont les installations sont exposées jusqu’au 18 juillet au centre d’art BALTIC à Gateshead, a récemment quitté Gagosian Londres pour la Timothy Taylor Gallery, à Londres toujours. Très peu d’artistes britanniques répondent en effet aux « critères Gagosian ». Parmi eux, Rachel Whiteread, qui travaille déjà avec la galerie depuis l’an dernier, mais aussi Anish Kapoor, Sir Anthony Caro et Damien Hirst. Celui-ci profite d’une relation professionnelle fructueuse avec le galeriste, qui lui a organisé une exposition individuelle plébiscitée à New York. Depuis une dizaine d’années, Damien Hirst est également représenté par Jay Jopling, directeur de la galerie White Cube à Londres. L’artiste est si sollicité et, par voie de conséquence, si influent, qu’il traiterait actuellement en direct avec Larry Gagosian : lorsque le galeriste new-yorkais vend l’une de ses œuvres, White Cube n’obtient aucun pourcentage.
Alors que l’espace de Britannia Street préparait son ouverture, la plus petite Gagosian Gallery, sur Heddon Street, présentait des photographies réalisées par David Bailey en collaboration avec Damien Hirst, une exposition décrite par un marchand comme une « flagrante déclaration d’intention ». Reste à savoir si la galerie de Britannia Street attirera effectivement de nouveaux artistes de haut rang issus de la scène britannique.
Jusqu’au 31 juillet, Gagosian Gallery, 6-24 Britannia St, Londres, tél. 44 20 7 841 9960, tlj 10h-18h sauf dimanche et lundi, www.gagosian.com. L’exposition de Cy Twombly sera suivie de la première exposition individuelle de Jeff Koons à Londres depuis dix ans.
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Larry Gagosian voit grand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°196 du 25 juin 2004, avec le titre suivant : Larry Gagosian voit grand