NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Réputée pour son commerce actif soutenu par des œuvres dans le marché, la foire new-yorkaise mise maintenant sur des propositions artistiques plus recherchées.
Fondée en 1994 par quatre marchands dans le Gramercy Park Hotel, le 26e Armory Show, qui se tient du 5 au 8 mars, est désormais réparti entre deux jetées donnant sur l’Hudson, les Piers 90 et 94, où sont réunis cette année 183 marchands. Un nombre imposant, mais loin derrière les 274 galeries présentées auparavant. « Nous avons réduit le nombre de participants pour offrir une meilleure expérience aux visiteurs. Nous avons aussi aéré et repensé la foire en y insérant des projets scénographiés », explique sa directrice Nicole Berry qui a repris les rênes de la manifestation en 2017, suite au scandale de harcèlement sexuel de Benjamin Genocchio, l’obligeant à quitter la direction.
De nombreux marchands jouent la carte de l’exposition personnelle ou du dialogue entre deux artistes. C’est le cas de la galerie Praz-Delavallade (Paris, Los Angeles) qui vient avec deux nouvelles séries de Matthew Brandt, ou d’Archeus/Post-Modern (Londres) qui propose un hommage à Pierre Soulages. Il en est de même dans la jetée 90 où sont regroupées, pour la première fois, des sections pensées par des commissaires d’exposition : « Perspectives » tournée vers les artistes historiques, « Focus » où les artistes répondent à une thématique précise – cette année autour de la réalité et de la fiction –, et « Platform » consacrée aux œuvres grand format et installations spécifiques.
Cette dernière, sous la houlette de la directrice de l’Institute of Contemporary Art de Los Angeles, Anne Ellegood, n’est pas sans rappeler des initiatives comme celles d’Art Basel et son secteur « Art Unlimited ». Une tendance que l’on observe dans les foires d’art contemporain qui cherchent à se différencier. Ainsi, sept projets présentés par des galeries ont été retenus et seront disséminés entre les deux jetées. On y verra entre autres, une toile haute en couleur, de presque 5 mètres de long, de Summer Wheat (Shulamit Nazarian, Los Angeles) traitant du manque de reconnaissance du travail des femmes, et une installation pointant le sexisme et la misogynie de la société de Trulee Hall (Maccarone, Los Angeles).
Ces prises de positions éditoriales se justifient au regard de la concurrence. Depuis 2012, l’Armory Show doit faire face à Frieze New York, qui se déroule au mois de mai, et qui se veut plus « arty », avec une proposition émergente, glamour et scénographiée. « Quand Frieze a ouvert à New York, beaucoup de galeries se sont tournées vers elle. Maintenant, un équilibre s’est créé », explique Bruno Delavallade.
Malgré l’arrivée, ou le retour, de galeries d’importance (le taux de renouvellement étant de 30 %) dont Gagosian, Kasmin Gallery, ou Simon Lee, la foire continue à être boudée par de très grands marchands pourtant installés à New York (Paula Cooper Gallery, David Zwirner ou encore Hauser & Wirth), et connaît une vague de départ (Galerie Thaddaeus Ropac, Castelli Gallery, Lisson Gallery ou Pace Gallery). « Nous nous tenons à une période de l’année chargée et parfois les galeries font le choix de ne pas participer à toutes les éditions », explique la directrice.
Toujours est-il, que l’Armory Show apporte « certaines sécurités avec une grande concentration de commissaires d’exposition, et des collectionneurs américains, qui ne sont pas toujours enclins à venir en Europe, mais pour qui l’Armory Show est une foire de référence. Une foire commerciale offre une liberté de présentation plus ample contrairement aux foires plus éditorialisées. Les foires servent à l’économie et à la promotion, il ne faut pas se leurrer », souligne Antoine Levi, directeur de la galerie du même nom.
Signe d’une grande attractivité, l’Armory Show draine dans son sillage sept foires satellites, dont les belles et exigeantes, Independent Art Fair à Tribeca et Spring/Break Art Show, la foire des commissaires. La foire a également noué un partenariat avec l’association française Aware qui va remettre un prix doté de 10 000 dollars à une exposition monographique d’une femme artiste. Camille Morineau, la co-fondatrice et directrice d’Aware organise par ailleurs un parcours d’artistes femmes au sein de la foire.
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L’Armory Show annonce une édition plus pointue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : L’Armory Show annonce une édition plus pointue