La première édition de la foire virtuelle s’est noyée dans les problèmes techniques, empêchant les connexions au site.
INTERNET - En 2010, les achats effectués chez Christie’s via Internet ont doublé, représentant 28 % des ventes. Une donnée qui pouvait rassurer les organisateurs de VIP Art Fair, la première foire virtuelle organisée du 22 au 30 janvier sur Internet. Sauf qu’entre un logiciel éprouvé depuis quatre ans et une nouvelle technologie, il y a un monde.
La « visite » du salon était pour le moins étrange. Pas de bruit, pas d’excitation, rien qui puisse provoquer le désir et l’adrénaline. Le simple fait de voir défiler des images avait quelque chose de monotone, voire de mortifère, car l’intérêt d’un salon tient aussi à sa dimension sociale. Mais le problème de VIP ne tient pas tant à l’absence d’ambiance, auquel tout usager d’Internet est habitué, qu’aux problèmes techniques ayant suscité un engorgement lors du vernissage. Au cours des deux premiers jours, les 41 000 visiteurs inscrits ont dû faire preuve de patience sans parvenir toutefois à chater. Beaucoup ont fini par jeter l’éponge : les lenteurs tolérées dans le réel le sont moins dans le virtuel… Même lorsque l’activité fut rétablie au terme du premier week-end, le chat restait indisponible, remplacé par le bon vieux mail. « Il y avait tellement d’attente et tellement de frustration. Une fois la dynamique tombée, peu de gens sont retournés sur le site. C’était désolant, car nous avions fourni des efforts énormes en ressources humaines, avec des équipes en place de 9 heures du matin à 5 heures du matin suivant. C’est beaucoup d’énergie perdue », déplore Philomène Magers, codirectrice de la galerie Sprüth Magers (Berlin, Londres). « C’était une bonne idée, mais mal organisée. Ce fut un fiasco », poursuit Emmanuel Perrotin (Paris).
De nombreux blogs ont commenté ce fiasco technique en le comparant au naufrage du Titanic. Internet est une caisse de résonance où la rumeur se propage aussi vite qu’une épidémie ! Pour sauver l’essentiel, Yvon Lambert (Paris, New York) et Andrea Rosen (New York) ont adressé, à leurs clients respectifs, un communiqué avec les œuvres exposées sur VIP Art Fair, ce qui a permis au premier de négocier trois pièces.
Quelques satisfactions
Tous les exposants ne cèdent pas pour autant à la grogne ambiante. Max Hetzler (Berlin) s’est estimé globalement satisfait. La galerie a vendu une œuvre de Toby Ziegler à un collectionneur napolitain qu’elle ne connaissait pas. Une négociation est aussi en cours pour un tableau d’Albert Oehlen avec une Américaine, elle aussi inconnue de ses fichiers. « Nous ne connaissions pas 80 à 90 % des personnes qui ont zoomé sur les œuvres que nous présentions, indique Samia Saouma, de la galerie Hetzler. Si nous ne faisons pas fortune la première année, c’est normal. Rappelons-nous que la première édition d’Art Basel Miami Beach a été annulée ! Il vaut mieux être là au début plutôt que de dénigrer. » De son côté, Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) a cédé une œuvre de Jorge Queiroz à un Américain qu’elle ne connaissait pas, et a établi une dizaine de nouveaux contacts, chinois, russes et turcs. Certains marchands, comme Yvon Lambert, ont néanmoins réclamé un remboursement partiel. « Ce n’est pas une foire bon marché, nous sommes en droit de demander une compensation », indique Olivier Belot, directeur chez Lambert. Le fondateur de la foire, James Cohan, n’a pas indiqué s’il procéderait à des remboursements. Mais, a-t-il précisé, « je ne laisserais pas tomber les galeries qui m’ont donné leur confiance ». « La première édition de la foire de Bâle ne fut pas aussi réussie que la dernière, rappelle-t-il. J’accepte de prendre aujourd’hui les coups, mais nous avons besoin de cette technologie pour développer notre business et aller de l’avant. C’est le début de quelque chose de nouveau. Nous n’avons pas réussi à apporter aux galeries tout ce que nous souhaitions, mais nous le ferons l’année prochaine. »
Bugs de départ
Pour cela, la technique et le concept mériteraient d’être peaufinés. « Un lancement, c’est toujours compliqué. Tous les programmes informatiques sortent avec des bugs. Le nombre de serveurs a-t-il été suffisant ? », s’interroge le collectionneur Steve Rosenblum, fondateur de Pixmania, site d’e-commerce qui a reçu 1,5 million de visiteurs le premier jour des soldes de janvier (lire ci-dessous). Le collectionneur continue : « Il ne faudrait pas que ce projet soit abandonné, car c’est un rendez-vous supplémentaire. Mais il faudrait affiner les tranches de prix et proposer des œuvres plus inédites. Je pense aussi que les galeries devraient avoir un portail de manière permanente, une sorte de VIP Art Show, où l’on verrait en permanence leur programmation et les œuvres disponibles. » Une idée à creuser.
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Lancement raté pour VIP Art Fair
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°341 du 18 février 2011, avec le titre suivant : Lancement raté pour VIP Art Fair