Les ventes de sculptures et d’objets d’art européens se maintiennent sur un marché favorisé par la richesse de son patrimoine.
PARIS - Le marché de la sculpture européenne, qui se subdivise en plusieurs micromarchés, fortement soutenus par des collectionneurs et des professionnels érudits et passionnés, « est un marché stable imperméable aux aléas conjoncturels et à la versatilité des tendances avec, à l’instar des autres spécialités, une concentration de l’intérêt des acheteurs sur les pièces majeures, rares au pedigree irréprochable », commentait Ulrike Goetz, directrice du département sculpture et objets d’art chez Sotheby’s Paris. « Ce marché n’a cessé de croître depuis ces dernières années grâce au développement de la spécialité, tant dans les maisons de ventes que dans les musées, avec un accroissement du nombre d’expositions et de publications sur le sujet récemment », ajoute Isabelle d’Amécourt, spécialiste chez Christie’s.
La sculpture n’est pas un art décoratif, mais une discipline artistique appartenant aux beaux-arts, elle a toujours été moins prisée que la peinture. Patrice Bellanger, éminent et regretté spécialiste en sculpture des XVIIe et XVIIIe siècle, avait coutume de dire : « La sculpture est le parent pauvre de l’histoire de l’art. Déjà, Diderot remarquait dans les salons du XVIIIe siècle qu’il y avait plus de monde venu contempler les tableaux que les sculptures ».
Les œuvres Haute époque sont très prisées
Christie’s et Sotheby’s organisaient les 15 et 16 juin derniers à Paris des ventes de sculptures et d’objets d’art européens. Ces ventes comprenaient des œuvres sculptées essentiellement en France, Italie, Allemagne ou encore en Belgique, Flandres et au Pays-bas, depuis le Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, en pierre, marbre, bois, terre cuite ou bronze. « Il n’y a pas de période qui se détache en particulier, chacune trouve ses acheteurs. Certains se sont spécialisés en art médiéval, d’autres en bronzes de la Renaissance ou en terres cuites françaises du XVIIIe ou encore composent des cabinets de curiosités, même si les grands noms attirent bien sûr davantage », a expliqué Isabelle d’Amécourt. Cependant, selon Ulrike Goetz certaines époques ont davantage la faveur des collectionneurs : « c’est le cas de la sculpture de la Renaissance italienne et française, notamment les bronzes et marbres, mais aussi les bronzes italiens et français des XVIe et XVIIe siècles. La Haute époque d’une manière générale est également un domaine fort ». C’est une œuvre de la fin du XIVe – début du XVe siècle mise en vente par Christie’s qui a remporté la plus haute enchère de la session. Il s’agissait des deux derniers pleurants en marbre provenant du tombeau du duc de Berry par Jean de Cambrai, vers 1396-1416 (lire ci-contre). En tout, la vente a rapporté 6,6 millions d’euros, dans les limites de son estimation (est. 5,8 à 7,6), un résultat en hausse par rapport à l’an dernier puisque la vente avait totalisé 3,4 millions d’euros.
Paris, carrefour de la sculpture européenne
De son côté, Sotheby’s organisait pour la première fois à Paris une vente exclusivement consacrée à la sculpture. « Paris est une place incontournable pour la sculpture européenne, que ce soit pour des raisons géographiques – à la croisée de l’Europe septentrionale et méridionale –, mais aussi pour la richesse de son histoire et de sa production artistique », souligne Ulrike Goetz. Londres et New York sont les deux autres places fortes du marché. Faute d’avoir vendu sa pièce phare, un bronze d’après Giambologna (est. 250 000 à 400 000 euros), le total de la vacation, 1,1 million d’euros, est resté dans la fourchette basse de son estimation (1,3 à 2 millions d’euros). Ce sont surtout les œuvres françaises du XVIIIe siècle qui ont suscité le plus d’engouement, à l’instar de Danaé recevant la pluie de Jupiter, d’Augustin Bocciardi, vers 1762, adjugé 111 000 euros (est. 60 000 à 80 000 euros).
La spécialité attire des acheteurs internationaux, répartis dans toute l’Europe, en Amérique du Nord et du Sud et de plus en plus en Asie. Chez Sotheby’s, les acheteurs français représentent en général entre 30 et 40 %. Il y a également l’émergence de nouveaux acheteurs asiatiques, principalement Hongkong, Taïwan et Shanghaï, qui s’intéressent depuis peu à la sculpture européenne, ainsi que des acheteurs provenant de la Russie.
Le record absolu aux enchères est détenu par une figure bacchique en bronze supportant le globe terrestre, réalisée par Adriaen de Vries en 1626, vendue par Christie’s à New York le 11 décembre 2014 pour 27,8 millions de dollars frais compris (24,7 millions d’euros) et achetée par le Rijksmuseum d’Amsterdam.
Toutes les estimations sont indiquées hors frais et les adjudications frais compris.
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La sculpture européenne à la loupe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°460 du 24 juin 2016, avec le titre suivant : La sculpture européenne à la loupe