Le salon Paris Photo, qui, pour sa troisième édition, met l’accent sur les images de mode, va tenter de séduire de nouveaux collectionneurs, alors que deux pionniers viennent d’être sacrés de façon spectaculaire, l’un à Londres par le marché, l’autre à Paris par le public.
PARIS - En réalisant 7,4 millions de livres sterling (près de 76 millions de francs), la dispersion à Londres, le 27 octobre, de la collection André Jammes restera la vente de photographie du siècle. L’ensemble avait été très prudemment estimé 2 à 3 millions de livres par Sotheby’s, bien qu’il soit formé d’épreuves généralement somptueuses, s’appuyant sur un pedigree sans faille : un libraire reconnu comme un grand érudit de la photographie. Non seulement le total des 265 lots vendus, sur 287 au catalogue, constitue un record mondial, mais un tirage de la Grande Vague de Le Gray (Sète, vers 1855) a porté la photographie vers un nouveau sommet : 507 500 livres (5,2 millions de francs), soit dix fois plus que le Le Gray vendu en 1997 et près de cinq fois plus que le Nadar Jeune cédé l’an dernier à Bièvres. Face à son rival, Christie’s, et dans sa volonté de s’approprier l’essor de ce jeune marché, Sotheby’s peut afficher d’autres prix exceptionnels : 441 500 livres pour un album de Szathmari, 419 500 livres pour un autre tirage albuminé de Le Gray (Hêtre, Fontainebleau) et 386 500 livres pour un exemplaire des Souvenirs du Camp de Chalons du même photographe. Toutes ces icônes, ainsi qu’une grande partie de la vente, ont été raflées par un “enchérisseur anonyme au téléphone”. Un acheteur aussi mystérieux, dans un “club” où tout le monde se connaît, a fait naître des interrogations sur une nouvelle offensive du Getty ou sur la réalité d’un succès très médiatisé. “Que Sotheby’s dévoile le nom de l’acheteur !”, lance le marchand Alain Paviot, pour qui les sommets atteints ne reflètent pas la réalité du marché international. D’autres exemplaires de la Vague sont connus et ne pourraient parvenir à 5 millions de francs, selon lui.
Orsay a acquis pour 243 500 livres un nu pictorialiste d’Edward Steichen (In Memoriam, 1904, illustration p. 17), le Musée Carnavalet des daguerréotypes et la Bibliothèque nationale des petits paysages de Le Gray. Les achats publics ont dépassé 3 millions de francs, qui auraient été couverts par les recettes fiscales générées par la vente si celle-ci avait pu se tenir à Paris. Une belle occasion a été manquée, d’autant plus que la Maison européenne de la Photographie rend hommage à un autre collectionneur, Roger Therond, qui, s’il réunit parfois les mêmes images que Jammes, leur porte un regard différent. Tous deux montrent un chemin parcouru et invitent sur leurs traces les visiteurs de Paris Photo.
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La photographie est à la mode : Paris fait salon, les prix s’emballent à Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°92 du 5 novembre 1999, avec le titre suivant : La photographie est à la mode : Paris fait salon, les prix s’emballent à Londres