NEW YORK / ETATS-UNIS
Pour sa huitième édition, la foire d’art contemporain a trouvé son public malgré une semaine artistique chargée à New York.
Après la canicule de l’an dernier et les averses torrentielles de l’année précédente, la huitième édition de Frieze New York s’est close dimanche 5 mai sous un ciel maussade mais clément. Sous les tentes immaculées de la foire d’art contemporain, les visiteurs venus s’aventurer sur l’île solitaire de Randall’s Island ont retrouvé les traditionnelles sections « Frame » dédiée aux solo-shows d’artistes émergents, « Focus » qui présente des jeunes galeries de quinze ans ou moins et « Spotlight » qui met en lumière des artistes modernes sous-estimés.
Gwenolee Zürcher, directrice de la galerie Zürcher à New York et à Paris, exposait pour la quatrième année consécutive dans cette dernière section, avec pour cette édition un solo-show consacré à l’artiste japonaise Kazuko Miyamoto. « Je suis très contente de cette participation parce que j'ai été remarquée dès le premier jour par plusieurs musées américains importants, aussi bien par le MoMA que le Metropolitan ou le Drawing Center mais aussi d'autres musées comme le Centre Pompidou », se félicite la galeriste française basée à New York, qui confie notamment avoir vendu « un grand tableau de 1973 à un membre important du "board" du MoMA en vue d'une donation ».
Bon départ et calendrier chargé
Car si elle déplore une édition qui a brassé « nettement moins de monde » que d’habitude, Gwenolee Zürcher salue « la qualité des visiteurs » notamment lors des avant-premières VIP les mercredi 1er et jeudi 2 mai. Plus loin parmi les exposants, Alex Fitzgerald, directeur associé de la galerie new-yorkaise Andrew Kreps, remarquée sur la foire pour son installation en néon « Empowered Women » de l’artiste Andrea Bowers, fait le même constat. « Mercredi a été un très bon jour, il y a eu beaucoup d’activité. Les autres jours, au moment où TEFAF a ouvert notamment, on a senti que ça s’est un peu ralenti », reconnaît le marchand, qui se dit cependant « très content » de ses ventes : une œuvre de la Française Camille Blatix (18 000 euros), une de Ricci Albenda (125 000 dollars, soit 112 000 euros), d’Andrea Bowers (60 000 dollars ou 53 600 euros) et de He Xiangyu (42 000 dollars, soit 37 500 euros).
La Frieze New York s’est en effet tenue sur une semaine chargée pour le monde de l’art new-yorkais, avec l’édition printanière de TEFAF du 3 au 7 mai, la foire Object & Thing du 3 au 5 mai, tout comme 1-54 Contemporary Art Fair ou encore la foire Moniker qui s’est tenue aux mêmes dates que la Frieze - pour n’en citer que quelques-unes. Les habitués des foires étaient toutefois au rendez-vous, comme la galerie Perrotin, qui dit avoir vendu des œuvres du peintre japonaise Izumi Kato allant de 5 000 dollars à 70 000 dollars (4 500 euros à 62 600 euros).
Des prises de risque timides
« J'ai trouvé que c'était un petit peu plus inégal cette année dans l'ensemble », relève toutefois Gwenolee Zürcher. « Je trouve qu'il y a une approche plus conservatrice. Les galeries prennent de moins en moins de risques en ce moment parce que la période est un petit peu difficile », regrette la galeriste. « Il y a un très net retour de la peinture, figurative et abstraite, par exemple. »
Parmi les 20 galeries récentes de « Frame », la sculpture et les solo-shows se sont cependant avérés payants, se réjouit James Cope, à la tête de la galerie texane And Now, qui a vendu les trois sculptures mi-sirènes mi-machines à laver très remarquées d’Olivia Erlanger pour 12 000 dollars (10 700 euros) chacune et a déjà « reçu d’autres commandes ».
Toujours en contraste avec ces accrochages prudents, les œuvres d’Yayoi Kusama, Narcissus Garden et du peintre Chris Ofili, To take and to give, ont fait sensation sur l’immense stand de Victoria Miro à l’entrée principale de la foire. La Frieze a par ailleurs mis l’accent sur 13 artistes sud-américains avec une nouvelle section « Dialogos » conçue par le Museo del Barrio de New York et un hommage à l’organisation « JAM » (pour « Just Above Midtown »), connue pour son soutien aux artistes afro-américains dans les années 1970 et 1980.
« Les premières éditions de la foire auxquelles j’ai assisté il y a environ six ans était plus énergiques, parce qu’elles étaient nouvelles », compare l’artiste Pedro Elizondo, qui en est à sa seconde visite de la semaine, après le vernissage VIP. « Mais je pense que certaines jeunes galeries prennent des risques avec la présentation d’un solo-show ou d’artistes plus conceptuels », nuance-t-il, avant de se fondre dans la foule dense du dernier jour, venue malgré la pluie.
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La Frieze New York, entre prudence et jeunes galeries
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