PARIS
Autodidacte, Kamel Mennour commence à flirter avec l’art par le biais de catalogues d’expositions et de ventes aux enchères, qu’il chine avec frénésie aux Puces et chez les libraires d’occasion.
En 1998, il a l’opportunité d’ouvrir une galerie au cœur de Saint-Germain, avant que le quartier ne soit redevenu branché. L’exiguïté du lieu le conduit à se spécialiser en photographie contemporaine, là encore avant qu’elle n’ait autant le vent en poupe. En cinq ans, sont exposés parmi d’autres Jan Saudek, Araki, Larry Clark, Annie Leibovitz, Peter Beard, Stephen Shore, artistes déjà reconnus mais qui ne sont pas particulièrement présents sur la scène française, ainsi que de plus jeunes comme Kader Attia ou Donna Trope. Ces manifestations se conjuguent avec une exposition annuelle plus historique, par exemple « Pierre Molinier » ; « Picasso vu par les photographes » ou le couple « Michaux/Zao Wou-Ki ». La spécificité de ce jeune galeriste est de proposer dès la première manifestation un ouvrage l’accompagnant « afin qu’il reste une trace, sinon l’exposition me semble incomplète ». Ouvrage qu’il réalise seul avec une graphiste, un imprimeur et parfois l’aide de l’artiste. Cet amour du livre le pousse d’ailleurs à faire des lapsus en évoquant la préparation d’un livre, avant de se reprendre pour employer le terme d’exposition.
Au mois de novembre, Kamel Mennour a ouvert, à deux pas du premier, un espace de 150 m2, doté d’une impressionnante perspective de quarante mètres de long, où davantage de plasticiens et de concepteurs d’installations pourront s’exprimer. La grande exposition inaugurale a présenté le travail de Gary Lee Boas, portant sur les années 1980 à New York, « Le New York trash, d’avant Giuliani », c’est-à-dire celui du monde de la nuit, des strippers, des travestis… Bien entendu, un catalogue, préfacé par John Waters et Bruce Hainley, le rédacteur en chef d’Artforum, accompagne l’événement. En février ont visibles des vidéos et installations récentes de Jota Castro (cf. L’Œil n° 554). N’ayant rien perdu de l’enthousiasme de ses débuts et, comme il le dit, de la naïveté certaine qui le poussa à inaugurer la première galerie, Kamel Mennour prône la pluridisciplinarité et l’ouverture vers les milieux de la mode, de la musique, de la danse.
Il envisage notamment des projets avec la chorégraphe Blanca Li ou le DJ Matthew Herbert, ayant déjà réalisé des performances au Centre Georges Pompidou. Mais sa plus grande fierté demeure la vingtaine d’ouvrages conçus en cinq ans, dont certains sont devenus des références, déjà épuisés.
Galerie Kamel Mennour, 60 et 72 rue Mazarine, VIe, tél. 01 56 24 03 63.
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Kamel Mennour, le galeriste éditeur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Kamel Mennour, le galeriste éditeur