Le photographe allemand et sa compagne parodient leur mariage en Italie. Une exposition qui ne manque pas d’humour.
Paris. Entre le Juergen Teller (né en 1964, en Allemagne) habillé d’un manteau d’hiver ceinturé, capturant son reflet dans une vitre dans une rue de Rome en 1990, et celui posant aujourd’hui dans un manteau Balenciaga flambant neuf, la cigarette à la main et le regard hautain dans un décor rouge éclatant, trente et un ans se sont écoulés ; trente et une années au cours desquelles sa manière d’envisager la mode et le portrait n’a cessé de produire des images truculentes pour les plus grands magazines ou marques de mode, et des portraits de personnalités les plus diverses qui en font un photographe très courtisé. S’il a choisi ces deux autoportraits pour son exposition « Auguri » [à traduire par « Félicitations » ou « Meilleurs vœux »] à la galerie Suzanne Tarasieve, il ne dresse pas pour autant le bilan de son parcours ; il cultive plutôt son goût de la mise en scène, du jeu et de l’hyperbole. Juergen Teller a d’ailleurs pris soin de disposer l’autoportrait en noir et blanc, marquant ses débuts, dans la vitrine séparée de l’entrée de la galerie. Pour le bilan de carrière, il faut lire le premier volume de Donkey Man and Other Stories, paru en septembre dernier chez Rizzoli, où le photographe recense et commente, en six cents pages, et dans un ton qui n’appartient qu’à lui, l’ensemble de ses travaux éditoriaux, y compris ceux non publiés.
Chez Suzanne Tarasieve, c’est la complicité avec sa compagne Dovile Drizyte, et leur mariage en Italie, fin août, qu’il célèbre au travers de séries ou de portraits récents et souvent inédits. Le duo forme en effet un couple où l’épouse est à la fois la « creative partner » qui participe à la conception des images, et le modèle posant, souvent nue. L’Origine du monde de Gustave Courbet revisitée par le couple ne devrait pas laisser indifférent.
L’humour, la subversion, la tendresse s’invitent une nouvelle fois sans fard. « We Are Building our Future Together » [Nous bâtissons notre avenir ensemble] forme certainement le récit métaphorique le plus cocasse sur leur relation. Dans cette série de saynètes drolatiques réalisée pour célébrer leur union, le couple se met en scène sur des chantiers à Venise ou à Naples où ils se sont mariés. Casque, gilet fluo, bottes et short pour seul costume, équipements de chantier pour accessoires et gestuelles du couple déjouent les clichés des photographies de mariage. Tirée à cinq exemplaires, chaque saynète (6 000 euros) se retrouve aussi en décor d’assiette… « Teller » en allemand signifiant assiette.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Juergen Teller et sa muse Dovile Drizyte
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°578 du 26 novembre 2021, avec le titre suivant : Juergen Teller et sa muse Dovile Drizyte