La galerie de la Présidence montre le parcours atypique du peintre à travers des œuvres sur papier inédites, préparatoires à des huiles sur toile.
PARIS - À contre-courant des artistes des mouvements modernes, le peintre Jean Hélion (1904-1987) est parti, dès 1929, de l’abstraction géométrique la plus pure pour mieux se tourner vers la figuration dans les années 1940. Après la rétrospective qui lui a été consacrée en 2004 au Centre Pompidou, à Paris, cette évolution artistique progressive est en démonstration à la galerie de la Présidence, à travers une cinquantaine d’œuvres sur papier inédites – pour beaucoup des études préparatoires gouachées ou aquarellées à des toiles conservées dans de grandes institutions.
D’une géométrie rigoureuse à la Mondrian (articulations orthogonales et couleurs primaires), Composition orthogonale (1932), à l’aquarelle et à l’encre, représente sa période d’abstraction radicale, laquelle va progresser vers des compositions abstraites aux formes de moins en moins rigides et de plus en plus organiques. Sa série Équilibre marque notamment ce passage dans les années 1930, jusqu’à l’apparition de la première figure : Personnage abstrait (1937), aquarelle à rapprocher d’huiles sur toile de la même année. Assez rapidement, Hélion bascule de « l’abstraction humaine » à une peinture figurative qui conserve néanmoins le rapport à l’espace qui caractérisait ses œuvres abstraites. Les effroyables années de guerre expliquent sa résolution : Hélion est prisonnier d’un camp en Poméranie en 1940 d’où il s’évade deux ans plus tard. « À son retour, sa vision du monde était différente. Il voulait croire en la beauté du monde. Le terrible spectacle de guerre l’avait éloigné de l’abstraction et rapproché d’une réalité vers laquelle il s’est résolument tourné », raconte son fils Nicolas Hélion. C’est la première fois que Françoise Chibret-Plaussu, propriétaire et dirigeante de la galerie de la Présidence, montre le travail de cet artiste. Loin de sa programmation plus « classique » (Henri-Edmond Cross, Marcel Gromaire, Albert Marquet…), elle avoue s’être « fait plaisir », alors que sa clientèle habituelle, quelque peu désorientée, s’est en partie dérobée à l’inauguration. L’exposition n’en est pas moins un succès (y compris commercial), avec un record de fréquentation. À une scénographie chronologique a été préféré un joyeux mélange des périodes du peintre « pour éviter un accrochage monotone et se démarquer d’un musée ». Et qui n’entrave en rien la lecture de son œuvre.
Nombre d’œuvres : environ 50
Prix : de 9 000 à 60 000 euros pour les œuvres sur papier ; 250 000 à 370 000 euros pour les huiles sur toile
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Jean Hélion à rebours
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Abonnez-vous dès 1 €Jean Hélion, De l'abstraction à la figuration 1929-1946
Jusqu’au 18 juin, galerie de la Présidence, 90, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 42 65 49 60, www.presidence.fr, tlj sauf dimanche 10h30-13h et 14h-19h, samedi jusqu’à 18h30
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : Jean Hélion à rebours