Réélu pour un quatrième mandat de trois ans à la présidence de la Brafa, à Bruxelles, le marchand spécialisé dans les œuvres d’artistes belges et internationaux du XXe reste confiant dans l’avenir de la foire.
Les chiffres parlaient d’eux-mêmes concernant l’évolution de la situation sanitaire, non seulement en Belgique, mais aussi dans les pays voisins. La Brafa n’est pas exclusivement constituée de galeries belges, mais principalement de galeries européennes. Dans les différents pays, les contraintes risquent de s’intensifier, et on voit surtout que cette situation évolue extrêmement rapidement. Une foire telle que la Brafa, tout comme d’autres grands événements, a besoin d’un minimum de deux à trois mois de sécurité ou de stabilité avant sa tenue.
Fin novembre, quand nous avons pris la décision d’annuler la foire pour la deuxième année consécutive, c’était à un moment où nous nous apprêtions à engager des investissements financiers très importants. Aussi, pour la sécurité des exposants et pour l’organisation, nous avons jugé prudent d’annuler. Ce qui est d’ailleurs le cas pour d’autres salons en Belgique, comme Batibouw ou le Salon de l’auto, qui auraient dû avoir lieu fin février-début mars. La décision de la Brafa correspond malheureusement à la situation actuelle.
C’est un coup dur pour le monde de l’art. Il ne faut pas oublier que la Brafa reste une organisation formée et organisée par des marchands. Nous réfléchissons tous aussi en tant que galeristes et c’est vrai que, depuis le début de cette crise, nous cherchons des solutions, mais le secteur de l’événementiel est l’un des plus délicats et les plus touchés. Nous faisons de notre mieux pour trouver des alternatives qui nous permettent de travailler dans ce contexte.
Au départ, c’est une association de galeristes et d’antiquaires qui se réunissent pour organiser un salon d’art. L’avantage, c’est que ce sont eux qui décident, et qu’ils ne sont donc pas dans l’obsession du profit ou des bénéfices. C’est pourquoi tout est réinvesti au service des exposants et des visiteurs. La décision d’annuler la Brafa a été prise pour protéger les galeries et éviter des frais supplémentaires, pour finalement se positionner sur une solution alternative.
Cela n’a évidemment pas l’impact d’une foire, la dernière Brafa en 2020 ayant rassemblé plus de 70 000 visiteurs, mais ce concept d’une Brafa au sein des galeries a été une franche réussite. J’ai reçu, à titre personnel, 300 à 400 visiteurs à la galerie. J’ai vendu une dizaine d’œuvres. C’est certes moins que sur une foire, mais le résultat est surprenant. Nous avons d’ailleurs été agréablement surpris par l’enthousiasme des collectionneurs qui étaient heureux de retrouver leurs galeries. Ceci dit, pour cette édition-ci, ce n’est peut-être pas la solution idéale. Nous y réfléchissons encore…
Le planning des espaces d’exposition et le planning des autres événements, qui sont eux aussi bousculés, rendent les calendriers particulièrement complexes.
La Brafa a toujours été une foire qui favorisait, de par sa taille et son histoire, le contact. Pas seulement vis-à-vis des clients, mais aussi des institutions culturelles. Pour nous, l’idée d’une Brafa numérique ou virtuelle n’est pas dans notre conception des choses. Si le virtuel peut aider et doit aujourd’hui être un vecteur de communication, cela ne doit pas remplacer l’humain. Selon nous, le virtuel doit favoriser le déplacement de la clientèle soit vers l’événement, soit vers les galeries. Les plateformes ont une place sur le marché actuel dans un monde digitalisé mais elles ne remplaceront jamais l’attractivité des foires qui proposent une expérience unique et une concentration unique de galeries et de spécialités. Le contact avec le galeriste et l’œuvre reste primordial.
La Brafa n’a pas de souci à se faire en termes d’avenir. Nous sentons vraiment que, dès que les collectionneurs peuvent se rendre à un événement, ils sont présents. La Brafa devra conserver sa capacité à s’adapter, à faire face à l’imprévu, elle devra continuer à se métamorphoser, à chercher de nouvelles voies adaptées aux évolutions du monde et du marché de l’art. Mais la foire reste le meilleur moyen de proposer des œuvres aux collectionneurs qui sont enthousiastes de découvrir le parcours comme une chasse au trésor.
(*) La Brafa a finalement annoncé qu'elle reportait la foire en juin 2022.
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Harold t’Kint de Roodenbeke : « Nous avons jugé prudent d’annuler la Brafa »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Harold t’Kint de Roodenbeke : « Nous avons jugé prudent d’annuler la Brafa »