LONDRES / ROYAUME-UNI
Malgré de nombreuses tentatives, Londres n’a jamais réussi à accueillir de foire d’art contemporain de stature internationale. Le lancement le 16 octobre, soit quelques jours après la FIAC, de la Frieze Art Fair devrait marquer un tournant. Organisée par les cofondateurs du magazine britannique Frieze, Matthew Slotover et Amanda Sharp, la Frieze Art Fair compte sur un succès commercial, mais souhaite avant tout s’imposer comme un événement culturel incontournable. Installée dans Regent’s Park sous une surprenante structure temporaire réalisée par le jeune architecte à la mode David Adjaye, la foire mise sur un ensemble de projets artistiques spécialement conçus pour l’événement.
Londres est sur le point d’accueillir sa foire d’art contemporain de niveau international, qui, dès sa première édition, constitue déjà une sérieuse concurrente pour la FIAC. Avec une sélection très stricte de 125 galeries d’art contemporain parmi les meilleures, la Frieze Art Fair devrait animer le morne paysage londonien. Organisée par Matthew Slotover et Amanda Sharp, la Frieze Art Fair vise un succès commercial mais souhaite surtout s’imposer comme un événement important dans la vie culturelle de la capitale britannique. Si les objectifs fixés pour cette première édition sont atteints, la manifestation devrait devenir annuelle, et ainsi confirmer l’importance grandissante du marché de l’art britannique.
Faisant un vague écho au Quai Branly, la nouvelle manifestation va s’installer sous de grandes tentes, structures temporaires imaginées par l’architecte David Adjaye. À l’aide d’un toit translucide et de nombreuses fenêtres, sa création offre le rare privilège d’être éclairée par la lumière du jour. Le soir, l’espace se transforme en lanterne qui illumine Regent’s Park, où elle est installée. L’aménagement intérieur se démarque par sa clarté, même si l’entrée est revêtue d’un rouge solennel. Enfin, une signalétique à codes de couleurs vives, réalisée par les graphistes de GTF, devrait remédier à l’habituelle confusion des visiteurs.
Accrochages audacieux
“Pas de remises, pas de cadeaux”, telle est la règle de la nouvelle foire, qui insiste sur le fait que tous les participants doivent payer leur stand. La volonté des organisateurs de faire passer l’art au premier plan n’a pas découragé certaines galeries, qui ont décidé d’opter pour des accrochages audacieux sur leurs stands. MW Projects, de Londres, a ainsi fait appel à Charlotte Cotton, une conservatrice du département des Photographies du Victoria & Albert Museum, pour présenter un groupe de photographes britanniques trentenaires – David Hughes, Paul Cunningham, Nigel Shafran, David Spero et Toby Glanville. Ceux-ci ont tous émergé ces dix dernières années, même si leur style poétique a été éclipsé par les tendances artistiques plus accrocheuses des années 1990. Le titre de l’exposition, “Then things went quiet” (ensuite il y eut le silence) donne le ton pour un moment de contemplation bienvenu. La 303 Gallery de New York consacre son stand à l’artiste Karen Kilimnik, qui va réaliser l’une de ses interventions “atmosphériques” à l’aide de peinture et papier peint, de portes et de corniches, pour créer un environnement propice à la vision de ses tableaux et dessins. Quant à David Zwirner, de New York, il présente Highway Junction de Yutaka Sone, une sculpture en marbre d’une autoroute de Los Angeles entourée de rues et de buildings, et récemment exposée au Musée d’art contemporain de la mégalopole. Cette décision de n’exposer qu’une seule œuvre – qui par ailleurs pèse plus d’une tonne – est hardie de la part d’une galerie qui représente des artistes comme Stan Douglas, Luc Tuymans et Jason Rhoades. De son côté, neugerriemschneider, de Berlin, a installé un mur de briques en verre conçu par Olafur Eliasson, dont les spectaculaires Projets climatiques seront exposés dans le grand hall de la Tate Modern la nuit précédant l’ouverture de la foire. À travers cette vitrine déformante apparaîtront les œuvres d’autres artistes, comme Franz Ackerman ou Pawel Althamer. Foksal Gallery Foundation de Varsovie et kurimanzutto de Mexico, deux galeries dynamiques installées de part et d’autre de l’Atlantique, se sont associées pour une collaboration unique, l’artiste polonais Wilhelm Sasnal exécutant des peintures et des dessins à partir des clichés du photojournaliste mexicain Enrique Metinides. Stephen Friedman, de Londres, poursuit sa thématique consacrée à “L’argent” avec des artistes de la galerie qui en présenteront leurs visions personnelles, conçues spécialement pour ce stand – panneaux interactifs recouverts d’aluminium de Rudolf Stingel, peintures “argent” de Donald Moffet ou dessins prometteurs de David Shrigley. Enfin, Spruth Magers Lee, de Londres, proposera des photographies à double exposition de fleurs par le duo Fischli/Weiss, dont les projections sont actuellement visibles dans la galerie de West End. On retrouvera sur le même stand Rosemarie Trockel, Barbara Kruger, Cindy Sherman ou Andreas Gursky… Enfin, parmi les galeries françaises tentées par cette nouvelle foire figurent : Air de Paris, Art : Concept, Chantal Crousel, Ghislaine Hussenot, Yvon Lambert, Nathalie Obadia, Praz-Delavallade et Almine Rech.
Pendant la foire, Regent’s Park sera le théâtre de nombreux projets en plein air d’artistes comme Franz West (Gagosian Gallery, New York) et sa grande structure tubulaire interactive, Mark Handforth (Gavin Brown, New York) et son spectaculaire arbre formé de tubes fluorescents, sans oublier Barry Flanagan (Waddington Galleries, Londres) avec son couple de lièvres en bronze.
Regent’s Park, Londres, du 17 au 20 octobre (vernissage le 16), 11h-19h, 12h-20h le 17 octobre. Réservations sur www.ticketmaster.co.uk, catalogue 10 livres sterling (15 euros), www.friezeartfair.com
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Frieze tente de dynamiser Londres
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : Frieze tente de dynamiser Londres