La galerie Templon expose une quarantaine de tableaux photographiques inédits de l’artiste.
Paris. « Je me considère comme peintre mais la photographie a quand même occupé vingt-cinq ans de ma vie », déclare François Rouan (né en 1943). C’est ce que révèle de façon étonnante et inédite cette exposition qui rassemble une quarantaine de « tableaux photographiques », datés de 1998 à 2024, pour la grande majorité jamais montrés. Et ce qui surprend le plus ce n’est pas tant que Rouan ait pratiqué la photographie mais la façon dont il se sert de ses clichés comme support pour expérimenter de nouvelles pistes, tout en restant fidèle à la technique du tressage constitutive de son travail de peinture.
La matrice des œuvres actuellement exposées correspond toujours au tirage argentique, sur un support transparent ou sur papier baryté, de photos que Rouan a prises lui-même, il y a une vingtaine d’années. Il les a ensuite retravaillées « Après coup », comme l’indique le titre de l’exposition, et même après coupe puisqu’il morcelle en effet ses clichés pour en superposer des fragments et surtout en superposer, entrelacer, tresser, encocher des bandes, comme il le fait avec de la toile. Puis dans un second temps, il s’amuse, comme s’il les gravait, à les biffer, gratter, balafrer, parsemer de petits traits comme autant de virgules au pastel, ou au crayon pour les entraîner dans toute la gamme des noirs, gris, blancs à l’exception de quelques pièces aux tonalités sépia, saumon ou vert-amande à peine affirmées.
Il en résulte une complexité de l’image proposée qui, tel le mouvement d’un pendule, passe d’une abstraction franche à une figuration subtile, à peine effleurée comme le corps féminin qu’elle évoque, et notamment des entrejambes juste suggérés pour jouer avec les plis, les fentes, les froncis, les commissures. « Je suis un enfant de Gustave Courbet. Il n’y a de corps que féminin où l’éloquence n’appartient pas au visible », dit Rouan, depuis toujours animé par son désir de sacraliser le corps de la femme. Avant d’ajouter : « Ce qui est important pour un peintre c’est de restituer quelque chose de la sensation et non de l’image. La sensation est toujours synesthésique alors que l’image c’est l’arabesque dans tous les cas. »
Lorsqu’elles ne frôlent pas la figuration pour devenir plus abstraites, ses œuvres perpétuent l’idée du pli notamment avec des formes redoublées et symétriques comme en proposent le test de Rorschach, les ailes d’un ange ou d’un papillon. « Ce qui est important c’est ce que la tache nous fait dire et non pas ce qu’elle dit », indique l’artiste.
Entre 16 000 et 22 000 euros, les prix ne semblent pas excessifs, même s’il n’y a pas de références puisque ces œuvres apparaissent pratiquement pour la première fois sur le marché. En comparaison la cote des œuvres sur toile se situe entre 70 000 et 150 000 euros, ce qui là encore est assez raisonnable pour un artiste de cette importance avec une longue carrière.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
François Rouan, le tressage pictural
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : François Rouan, le tressage pictural