Colorer, découper, inciser, fendre le papier, et de la couleur faire surgir le vide, en-dessous. Coller en décalant, en écartant, en intriquant, et doter ainsi la surface d’un corps. Tresser enfin, confondre devant et derrière, support et surface, donner une épaisseur au plan et brouiller la vue en faisant battre l’image. Telles sont les procédures matérielles et techniques explorées par Rouan, dans le sillage de Matisse, Picasso et Fontana, pour croire encore, dans les années 60, à la possibilité de la peinture. Sur elles se fonde sa poétique de l’espace. Ses œuvres sur papier réalisées entre 1965 et 1970 constituent à la fois la part la moins connue et la matrice de son travail, un terrain d’expérimentation en regard de la peinture. Mettant en jeu le dessin, elles offrent « le moyen le plus élémentaire de fabriquer du matériau », de noter « les relations multiples, enchaînements et superpositions de motifs qui s’assemblent » dans l’esprit de l’artiste ; elles retracent ainsi matériellement « l’histoire des trajets et des déplacements incessants des images » dans son cerveau. Articulant l’immédiateté de l’image présente, le temps de la réalisation, la rigueur du procédé et le surgissement aléatoire des formes, ces œuvres oscillent entre l’apparition et la disparition, et rendent perceptibles les battements de l’image.
LES SABLES D’OLONNE, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, 1er avril-18 juin.
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François Rouan sur papier découpé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : François Rouan sur papier découpé