PARIS
Qualité des propositions, collectionneurs au rendez-vous, la foire progresse encore d’un cran avec des ventes exceptionnelles, dès les premières heures.
Paris. La 44e édition de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac) a refermé ses portes le 22 octobre comme elle les avait ouvertes quatre jours plus tôt. Dans une ambiance allègre, forte d’un excellent bilan de ventes. Les galeristes avaient la mine des bons jours. Nombre d’entre eux confiaient avoir vendu tous azimuts dès les premières heures, mais aussi ensuite à des collectionneurs ayant répondu présent à la fête de l’art de l’automne parisien. En hausse, la fréquentation a atteint près de 74 000 entrées.
Cette édition restera comme un millésime hors pair. La confiance est de retour. Oublié, le contexte difficile qui a suivi les premiers attentats à Paris. Faut-il y voir le résultat d’indicateurs économiques revenus au beau fixe ? Un « effet Macron », président s’adressant aux Français depuis l’Élysée, entouré d’une peinture d’Alechinsky et d’une Marianne de Shepard Fairey ? Pour expliquer cette embellie, il faut surtout saluer le travail des organisateurs : multiplication de l’offre, qualité accrue tant en art moderne que contemporain, retour du design, programmation étoffée avec « Hors les murs » et « On Site », performances… S’y ajoute l’alignement des astres avec des expositions de haut vol dans les galeries parisiennes comme dans les institutions, d’Hockney au Centre Pompidou à la collection du MoMA à la Fondation Vuitton. Sous la nef du Grand Palais comme dans les galeries supérieures, le secteur Lafayette, le salon d’honneur et le salon Jean-Perrin, les marchands témoignaient d’un optimisme retrouvé, à l’égal des collectionneurs.
« L’énergie de la Fiac fut excellente, confiait Thaddaeus Ropac. Le niveau des ventes que nous avons réalisées a dépassé nos attentes. Cette année, la Fiac, avec son mélange savant d’artistes établis et de jeunes propositions intéressantes, a dépassé Frieze à Londres. » La galerie a cédé une œuvre majeure de Rauschenberg (1990), pour plus de un million de dollars, à une collection privée, un Georg Baselitz (320 000 €), un Antony Gormley (350 000 £), un Yan Pei-Ming (300 000 €). Hormis deux ventes à des collectionneurs libanais, la berlinoise et parisienne Max Hetzler a vendu exclusivement à des Français. Entre autres, un tableau récent d’Albert Oehlen, un très grand Raymond Hains (330 000 €), deux ensembles de lithographies de grand format de Christopher Wool (82 000 $). L’enseigne a en outre cédé une sculpture (165 000 €) de Loris Gréaud, lequel vient de rejoindre la galerie. Sur le stand de la new-yorkaise 303 Gallery, le solo show de Jeppe Hein a fait un tabac. Ses ballons collés au plafond se sont littéralement envolés (19 000 € chacun). « Nous avons vendu jusqu’à quatre pièces à la même personne », se réjouissait Erika Weiss, directrice associée. Et de préciser : « Frieze et Fiac sont très différentes, les collectionneurs font un choix compte tenu du calendrier. Nous avons vu cette année à Paris plus d’Américains qu’à Londres. Nous vendons aussi à des clients français, qui sont à la maison. » Ce que confirmait Marie-Sophie Eiché-Demester, directrice de Kamel Mennour : « On est chez nous, on voit des Français comme des clients rencontrés à Bâle. Plus confiant, le climat est aussi plus international. C’est une alchimie. En plus du travail remarquable autour de la Fiac, l’offre est riche ; le tout donne une image très dynamique de la scène parisienne. » La galerie a bien travaillé. Parmi les pièces vendues, un Morellet de 1970 à une collection privée (200 000 € environ), un Anish Kapoor, un Lee Ufan récent ayant trouvé acquéreur (200 000-300 000 $). Une grande aquarelle de Camille Henrot a été vendue 80 000 euros. Chez Perrotin, le solo show de Laurent Grasso a eu beaucoup de succès. L’une des œuvres les plus photographiées, The Flame of Desire-Gold (2013-2015), de Takashi Murakami, a attisé le désir d’un collectionneur qui, pour lui déclarer sa flamme, a déboursé plusieurs millions d’euros.
Marian Goodman avait fait le choix des grands formats. Selon la galerie, c’était sa meilleure Fiac depuis des années, citant les ventes d’un ensemble de sculptures en bronze de William Kentridge, une photo de Hiroshi Sugimoto, des œuvres d’Annette Messager. Anthony Allen, directeur de Paula Cooper, montrait la première œuvre du catalogue raisonné de Donald Judd, une huile abstraite dans des tons de bleu de 1960, proposée autour d’1 million de dollars. La galerie a vendu une grande toile de Tauba Auerbach entre 150 000 et 175 000 dollars, des poèmes de Carl Andre des années 1960 à 30 000 euros pièce, une petite sculpture du même artiste (50 000 $). Une sculpture de Sol LeWitt (1962) est partie dans une fourchette de 250 000 à 300 000 dollars. Applicat-Prazan a vendu dès le premier jour un Soulages de 1956 ; la Galerie 1900-2000, un Joseph Stella de 1915 au Centre Pompidou, un Dubuffet en provenance du MoMA. Le Minotaure a trouvé acquéreur pour son Robert Delaunay, La Tour Eiffel et l’avion (1925). Chez Tornabuoni, les sculptures en marbre de Mikayel Ohanjanyan ont été toutes vendues dans les premières heures, entre 50 000 et 100 000 euros pièce. Un Biasi des années 2000 est parti autour de 100 000 euros. Une superbe composition, Aerei (1990), signée Boetti est allée à un collectionneur privé, un Fontana blanc était réservé. « Nous sommes à Paris, pour nous c’est une foire privilégiée. Le bilan est toujours positif. Cette année, en termes de volume, c’est très bien. Il y a une confiance retrouvée. Paris reste une vitrine, la Fiac est un écrin, un bijou d’architecture », concluait Francesca Piccolboni, directrice de la galerie italienne. La tonalité était la même dans les galeries supérieures, avec des ventes tout aussi excellentes.
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Fiac, l’optimisme retrouvé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Fiac, l’optimisme retrouvé