Contemporaine d’Eileen Gray, Elizabeth Eyre de Lanux a été une créatrice géniale de mobilier Art déco à Paris. Son œuvre, encore méconnu du grand public, devrait bientôt sortir de l’ombre.
Il est inexact de croire qu’il ne reste plus de créateurs de la période Art déco à découvrir. Il existe encore quelques artistes ayant eu une petite production mal connue et restée jusqu’à aujourd’hui dans des collections privées. C’est le cas d’Elizabeth Eyre de Lanux (1894-1996) que seuls les initiés connaissent.
Lorsqu’elle s’installe à Paris avec son mari, le diplomate et écrivain Pierre de Lanux, cette Américaine touche-à-tout est à la fois artiste peintre, écrivain et décoratrice. En France, le couple fréquente les cercles artistiques et littéraires parisiens et compte pour amis Pablo Picasso, Man Ray, André Breton, Paul Éluard, Jean Cocteau et André Gide. En 1920, Eyre de Lanux est une habituée de l’atelier du sculpteur Constantin Brancusi. Elle vit intensément et entretient des liaisons avec Pierre Drieu La Rochelle, Natalie Barney, Louis Aragon ou encore Evelyn Wyld, l’amie d’Eileen Gray, qu’elle rencontre en 1926. En 1927, elle commence à dessiner des tapis qu’Evelyn Wyld réalise ensuite. C’est le début de sa brève carrière de décoratrice, qui se terminera en 1935.
Mais quelle créativité ! Ses clients, de riches commanditaires, recherchent la modernité. Pour eux, elle explore de nouveaux matériaux, comme le linoléum, dans des teintes caramel et brun, qu’elle est la seule à utiliser. Elle conçoit des consoles avec un plateau de gypse ou d’ardoise, des lits bas en laque noire incisée de motifs géométriques et des meubles parcheminés avec des poignées d’ambre, d’autres en marqueterie de paille ou gainés de liège, ou encore les deux à la fois. Merveilleuse invention, un énorme canapé-balancelle est dévoilé pour la première fois au Salon d’automne de 1929, suspendu au plafond par quatre sangles en cuir. Il a été réalisé à un petit nombre d’exemplaires, en différentes versions (cuir, laque ou parchemin).
Peu de meubles d’Eyre de Lanux ont été vus sur le marché. Les collectionneurs avertis les ont immédiatement acquis, comme Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ou encore Karl Lagerfeld. Fruit d’un long travail de recherche sur son œuvre, la sortie d’un ouvrage sur Eyre de Lanux fin 2012 devrait remédier au manque de connaissance des amateurs de cette période. Et faire grimper les prix sur les pièces désormais documentées qui se présenteraient en ventes publiques ou chez les antiquaires.
Galerie Willy Huybrechts, 11, rue Bonaparte, Paris-6e, tél. 01 43 54 29 29, www.willy-huybrechts.com
Galerie Vallois, 41, rue de Seine, Paris-6e, tél. 01 43 29 50 84, www.vallois.com
Maison de ventes Camard & Associés, 18, rue de la Grange-Batelière, Paris-9e, tél. 01 42 46 35 74, www.camardetassocies.com
Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris-8e, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
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Eyre de Lanux : redécouverte en cours
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Eyre de Lanux : redécouverte en cours