Collection Macklowe, le retour

New York. Après le succès de la première vacation en novembre 2021 qui lui avait rapporté 676,1 millions de dollars (596 M€), Sotheby’s s’apprête à disperser à New York le second volet de la collection de Linda et Harry Macklowe, la plus grande collection d’art moderne et contemporain jamais présentée en vente publique. Cette vente a été ordonnée par le tribunal dans le cadre d’un divorce conflictuel.

Le premier opus réunissait 35 œuvres (estimées plus de 600 M$ au total), celui-ci en comporte 30, pour une estimation autour de 200 millions de dollars (plus de 190 M€). « En termes de volume, cette seconde session est assez équivalente à la première ; en termes de valeur, elle moins importante mais sur le plan de la rareté, elle est du même niveau. Cela reste le goût Macklowe », commente Grégoire Billault, directeur du département art contemporain de Sotheby’s New York. Ajoutant : « Notre stratégie a été de vendre cette collection en deux temps. Les Macklowe ont collectionné en profondeur un petit groupe d’artistes. Cela n’avait pas de sens de n’organiser qu’une seule vente, avec cinq [Willem] de Kooning, cinq Warhol… et, en plus, la crainte que le marché ne puisse pas tout absorber. »

Comme pour la première session, certaines œuvres ont été dévoilées lors d’une présentation diffusée en direct le 18 février dernier avant de partir en tournée mondiale (Londres, Palm Beach, Shanghaï, Taïpeh, Hongkong puis retour à New York). À noter que tous les lots sont garantis, comme c’était déjà le cas pour la première partie ; face à Christie’s et Phillips, la maison de ventes a dû en passer par là pour récupérer la collection.

L’œuvre bénéficiant de l’estimation la plus élevée, 35 à 50 millions de dollars, est une peinture de Mark Rothko, dans des tons brun rouge et bleus, datée de 1960 [voir ill.]. Dans la vente de novembre, un Rothko jaune orangé de 1951 avait atteint 82,5 millions de dollars, lot le plus cher de la vacation. Celui-ci, plus ténébreux, a peu de chances de surpasser le premier. Gerhard Richter sera également de la partie avec une immense huile sur toile de 2 mètres sur 3, Seestrück, de 1975 (estimation 25 à 35 M$), issue de sa série de paysages marins. Il s’agit de la dernière toile de cette dimension à venir sur le marché, les autres étant toutes conservées dans de prestigieuses collections. Autre lot phare, l’un des derniers autoportraits d’Andy Warhol, daté de 1986, provenant de sa série « Fright Wig », acheté lors de l’exposition organisée par le marchand londonien Anthony d’Offay (« Andy Warhol : Self Portraits », 1986). L’œuvre n’est pas aussi désirable que le portrait de Marilyn (Shot Sage Blue Marilyn, 1964) provenant de la série iconique de sérigraphies consacrée à l’actrice, qui a été vendu 195,04 millions de dollars chez Christie’s New York le 9 mai par la fondation Thomas et Doris Ammann…

Tout comme dans la première partie, il y aura des œuvres signées Jeff Koons, Picasso ou Alberto Giacometti (avec Diego sur stèle II, 1958, estimée 7 à 10 M$). Seul un nom n’avait pas figuré dans le premier volet, celui de Jean Dubuffet. Son tableau Grand nu charbonneux, 1944 – seule œuvre de l’artiste dans la collection – est estimé 4 à 6 millions de dollars. « Il y a une touche un peu plus européenne dans cette seconde vacation, avec [Sigmar] Polke, Richter, Dubuffet… même s’il n’y a pas d’Yves Klein », relève Grégoire Billault.